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Christopher Gérard reprend son ouvrage paru il y a un quart de siècle, ce « parcours païen » où il ne cesse à la fois de regretter l’empereur Julien et de célébrer ce si vif sentiment de l’unité de la nature et de l’homme, dans un temps circulaire qui le prive certes de l’éternité mais lui offre d’être en fait contemporain, en quelque sorte, de tous les êtres vivants passés, présents et à venir.
Ce paganisme tranquille, qui conduit à d’admirables passages célébrant la nature ou détestant l’époque, est en fait traversé, vivifié, même, par une sourde fureur à l’encontre de la religion chrétienne. On sent l’auteur aimanté par deux pôles : vivre en paix avec l’univers, dans la ronde du temps, en communiant avec la nature jusqu’à se sentir projeté en elle, lutter contre l’idée d’un quelconque unique au-delà. Ce qu’il a en horreur, c’est autant les consolations mensongères (selon lui) d’un paradis invérifiable et en fait inutile que la prétention universelle du christianisme, incapable de coexistence, qui donc assimile quand il ne détruit pas, et préfère s’adultérer lui-même plutôt que de laisser en paix prospérer les traditions païennes si diverses et tolérantes, aucun brahmane n’ayant jamais désiré qu’un Celte adore Vishnou. Christopher Gérard convoque de grands noms, raconte son enfance, la découverte éblouie, encore jeune garçon, d’une monnaie romaine, ses lectures et ses rencontres, creuse sans cesse son exposé d’un paganisme sage et d’un christianisme absurde. Sur le fond, on pourrait raconter une histoire totalement différente, avec les mêmes matériaux. Mais lire ce livre de combat ne signifie pas combattre avec lui : c’est plutôt saluer la rigueur de cette course entamée depuis longtemps, maintenant, s’enchanter de ses bonheurs d’expression et accueillir ses hommages et ses références qui ne demandent qu’à être fondus dans un plus vaste ensemble.
