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Une archéologie du genre

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Une archéologie du genre

«Sans doute, certaines particularités anatomiques et physiologiques humaines jouent-elles un rôle déterminant dans cette fonction reproductive. » Pour le dire autrement, seules les femmes conçoivent et accouchent. Mais aux yeux de Claudine Cohen, le social l’emporte de beaucoup sur le naturel. Voilà un livre passionnant car il permet à la fois de faire le point sur ce que l’on sait des femmes préhistoriques et sur la manière dont un discours féministe très idéologique entend s’emparer du sujet. L’auteur est philosophe et historien des sciences et non pas paléontologue – et discrètement anticlérical. Ce n’est pas un reproche, et on peut même penser qu’il est bon que les philosophes raisonnent sur ce que la science met au jour et tente d’organiser plutôt que sur des concepts volontairement coupés de l’expérience. Le biais féministe, très présent, réussit d’une part à décrire comment la femme préhistorique était presque “invisible”, les premiers artistes, les premiers techniciens, les premiers notables étant réputés, par principe, être des hommes (ce qui témoigne moins, d’ailleurs, d’un patriarcat tout puissant que de la manière dont la science, surtout quand elle se veut neutre, est en fait totalement imprégnée des préjugés idéologiques de son époque) ; d’autre part à produire un récit pénible de domination masculine, certes aujourd’hui moins naïf que dans les années 70-80 qui fantasma un universel culte de la Grande Déesse (auquel Claudine Cohen fait un sort), mais d’autant plus irritant qu’il tient plus de la posture que de la démonstration. Quand l’auteur écrit que l’une des faiblesses scientifiques de ce prétendu culte est que ses promoteurs « appliquent systématiquement des catégories contemporaines comme celles d’autels, de temples, de rituels, aux structures archéologiques du Néolithique, [ce qui] relève d’une démarche archéologiquement discutable, qui délaisse les détails significatifs au profit de généralités abusives », comment ne voit-elle pas que plaquer nos très actuels concepts de domination et de dignité sur des sociétés presque purement hypothétiques est tout aussi discutable ? Et cela même si l’idée d’une violence sexuelle fondatrice de la société date du XIXe (époque fertile en thèses rapidement extrapolées). Claudine Cohen fait à plusieurs reprises litière de ces extravagances passées, où les savants produisait un récit pédagogique qui finissait par se perdre dans le sensationnel et l’idéologie (et elle sait rendre hommage aux grands paléontologues que ces synthèses exaspéraient) ; il n’en est que plus surprenant que, dans la lignée de Françoise Héritier, elle en arrive à soutenir à la fois que la nature n’est pas si déterminante et que l’exemple des grands singes nous éclaire, que les sociétés préhistoriques nous demeurent inconnues quels que soient nos progrès et que l’ethnographie du monde contemporain (disons à partir du XIXe siècle) nous éclaire sur ce que furent ces temps si lointains. Elle avance prudemment et multiplie les questions : « est-ce la femme qui est la victime sacrificielle ? » s’interroge-t-elle à propos d’une sépulture du paléolithique supérieur. On n’en saura rien. Mais c’est tout un imaginaire de la violence sexuelle qui se met en place pour aboutir à une conclusion qui présente brusquement comme un fait ce qui n’était qu’un ensemble d’hypothèses, elles-mêmes nées d’une projection contemporaine sur les temps anciens : « La violence masculine à l’égard des femmes, loin d’être confinée aux périodes préhistoriques [ce que le livre ne démontre pas], persiste jusque dans le présent », ce qui permet d’affirmer une immémoriale domination masculine aboutissant au double mouvement de dévalorisation immémoriale des femmes et de résistance féminine tout aussi immémoriale. Le lecteur, averti, pourra néanmoins lire avec profit cette bonne synthèse des connaissances sur le sujet.

Claudine Cohen, Femmes de la préhistoire. Tallandier, 2019, 288 p., 10 €.

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