Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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L’Esprit souffle par « les ruptures, les limites et les brèches… » : l’image aurait ravi Cocteau, mais pour Mère Brigitte, qui écrit cela dans son livre, il ne s’agit pas de poésie ou de littérature, mais d’une expérience vécue jusqu’aux plus vives brûlures ressenties dans sa chair. De Besançon à Paris, Brigitte May a été une jeune fille brillante et anxieuse, toute à la poursuite éperdue d’elle-même à travers une vie débridée, n’hésitant pas à effleurer l’alchimie, la franc-maçonnerie ou le bouddhisme. Jusqu’au jour où, au milieu des nuits folles de Saint-Germain-des-Prés, une amie libanaise lui offre la Bible de Jérusalem. Le livre est ouvert sur le Prologue de l’évangile de saint Jean lorsqu’une expérience mystique vient la submerger. Devant elle, le Christ, qui lui annonce sa vocation d’ermite. C’est en rendant visite à son amie à Batroun, dans le nord du Liban, qu’un nouvel éblouissement mystique lui indique – contre son gré – que c’est ici que s’écrira son destin. Et quel destin ! Il la conduira, après d’invraisemblables péripéties, et tandis que la guerre civile fait rage, à aller au bout du renoncement. « Ni tout à fait Française, ni tout à fait Libanaise, tous mes appuis sautaient comme si le Seigneur me voulait seule pour lui. » C’est bien ce qui va se passer, mais son total abandon à Jésus-Christ, va faire de Brigitte la plus libanaise des Françaises et la plus Française des Libanaises. Elle découvrira qu’un même mal ronge les deux pays : le matérialisme, le règne conjoint de la finance et du béton – et la difficulté à comprendre que la cohabitation avec les musulmans restera impossible tant que les chrétiens ne feront pas toute sa place à l’apostolat. Il y a, à cet égard, dans la tradition maronite, des richesses spirituelles et humaines qui représentent l’un des principaux apports que le Liban peut faire à la France. Le petit livre de Mère Brigitte May et de sa disciple et compagne d’ermitage, sœur Laurence Delacroix constitue, à cet égard, un témoignage de tout premier ordre. Leur fondation commune – la maison de prière Abana (« Notre Père »), à Toula, près de Batroun – est un lieu où soufflent tout ensemble l’Esprit saint et l’esprit franco-libanais, fondé sur la dynamique historique d’une amitié multiséculaire : elle demeure l’une des dernières promesses de paix de cette région déchirée.