Tout chrétien s’attache à lire les « signes des temps », et même tout homme, aux aguets, qu’il s’agisse des « signaux faibles » chers aux analystes, des coïncidences surprenantes qui laissent chacun perplexe ou des symboles clairement affichés : avortement constitutionnalisé ou pape choisissant un nom de pape antéconciliaire, les temps nous parlent.
Avec ce nom de Léon XIV, le nouveau pape s’inscrit dans une filiation qui paraît enjamber le pontificat de François : non pas pour l’annihiler mais pour le replacer dans un flux plus constant, dans une tradition plus ancienne, dans une Église contemporaine sans renoncer à son temps particulier qui tresse en permanence l’éternité et le présent.
Et puisque ce nom veut dire lion, puisque ce pape annonce à la fois le combat et la victoire (« le mal ne triomphera pas ! » déclare-t-il du haut du balcon de Saint-Pierre à sa première apparition), il nous faut scruter dans ses propos, dans sa carrière et dans cette filiation ce que sera son pontificat, informé par son passé, programmé par ses fonctions, préfiguré par ses modèles.
Ce pape est lui-même un signe des temps, et il s’attache, semble-t-il, à inscrire son action et sa parole dans l’actualité la plus foisonnante tout en l’ancrant dans l’espérance du Ciel : ainsi les bons pasteurs regroupent sans cesse les brebis sans cesse changeantes, même troupeau sans cesse renouvelé, pour les ramener sans cesse à la même bergerie : Doctrine sociale de l’Église, intelligence artificielle, immigration, œcuménisme et unité, les sentiers sont nombreux où nous courons, brebis dispersés, voire égarés. Les articles de ce dossier veulent nous donner des clés d’interprétation du pontificat tout en mettant en garde contre son arraisonnement à un clan.