Le livre donne l’apparence d’une plaquette. C’est, comme souvent, avec l’abbé Claude Barthe, une étude aussi vaste que puissante pour l’étendue de l’analyse et la force de la synthèse, bien que ramassée en forme de quelques propositions positives, claires, pour la plupart immédiatement applicables.
Cette présentation a l’avantage de donner ainsi l’idée d’un redéploiement de ce qui reste des forces de l’Église. Perspective heureuse donc, malgré l’effroyable gâchis et le désastre évident auxquels a finalement abouti le fameux esprit réformateur et conciliaire des années 60-70. Manière relevée et audacieuse aussi de répondre aujourd’hui plus spécifiquement à une gouvernance de l’Église essentiellement destructrice, surtout au niveau le plus haut du Vatican, sous l’impulsion frénétique de François, au milieu des avancées en coup de boutoir de la synodalité ou pseudo-synodalité, dernier fer de lance du programme bergoglien et du modernisme kungo-congarien. Tout cela revisité par la bande des copains de François, placés aux endroits stratégiques, en particulier le fameux Fernandez dit El Tucho, son ami de longue date, mis à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi et des mœurs, érotomane patenté, distillateur de la doctrine nouvelle historico-critique à la Blondel et socialo-moderniste, où les fondements de la théologie dogmatique sont tous écartés, y compris les vraies sources de la Révélation, au profit d’un « Peuple de Dieu » mythique, censé recueillir en son sein aussi large que non défini les privilèges apostoliques de l’infaillibilité et de l’impeccabilité, et que seuls, en dehors de tout autre hiérarchie, Bergoglio et ses affidés savent et peuvent faire parler avec l’autorité qui convient, évidemment toujours dans l’Esprit, cet Esprit sans cesse invoqué qui pense, veut, dicte, dirige, comme Bergoglio, ce qui prouve leur sainte connivence ! Procédés commodes qui ramènent l’Église au niveau des démocraties décadentes et aux apophtegmes impérieux d’un péronisme à usage ecclésial.
Mais l’abbé Barthe ne se contente pas de critiquer et de constater. Il propose, dans le cadre de l’Église, telle qu’elle est, des moyens de sortir de cet enfermement idéologique trop évidemment catastrophique. Point de jugements d’humeur, mais des analyses précises, toujours sourcées, par elles-mêmes incontestables. C’est par l’Église hiérarchique que le redressement doit commencer. Des évêques responsables et qui jugent sainement la situation. C’est possible, vu l’état des lieux. Une hiérarchie qui remplit son devoir d’enseignement. Prêcher avec justesse, sans crainte, ni compromis politique, car la politique relève de la vérité, elle aussi. Refaire une liturgie dans la continuité et qui sacralise et sanctifie. C’est possible encore, car le jeune clergé qui a la foi aime l’ordre et le sens de l’ordre. Et le sens même physique, l’orientation dirigent les âmes comme les corps. Revenir sur les fins dernières et les notions fondamentales du catéchisme. Le ciel à gagner, l’enfer à éviter. Les renouveaux à toutes les époques se sont bâtis sur ces prédications de fond. D’où de bonnes communions et des confessions authentiques. C’est possible. C’est ce qu’attendent les âmes en peine. Commençons par le commencement : la foi, le contenu de la foi. Reste à former dans ce but les prêtres diocésains, et c’est possible, c’est même ce qu’ils veulent, loin des réunionnites à baratins interchangeables. Ce qui suppose des évêques. Différents, précise l’abbé Barthe. En ce sens que, loin d’être soumis aux impulsions du jour, ils soient tout entiers dédiés à leur charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner. Ce qui n’est pas synodal, ni démocratique, mais christique et hiérarchique.
Claude Barthe, L’Église demain. Pour une vraie réforme, Édition de l’Homme Nouveau, 125 p., 13 €
