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Un romancier dans le romancier

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Un romancier dans le romancier

Roman dans le roman ou mise en abîme sont des manières d’écrire devenues habituelles, quel que soit le genre auquel s’adonne tel ou tel écrivain. Les poupées russes font partie des techniques d’écriture, ces dernières s’enseignent même sous d’autres contrées, et parfois avec des résultats brillants. Les États-Unis fourmillent d’écrivains passés par des universités qui enseignent le creative writing. Il n’est pas certain que Vlad Eisinger soit de ceux-là, tout au contraire. Vlad Eisinger est un écrivain original, dans tous les sens que ce mot peut contenir, y compris tous les sens qui à ce jour n’auraient pas été inventés. L’auteur de ce roman, Du rififi à Wall Street, ne se contente pas de ce qui a déjà été fait. Pas du tout, même. Essayons d’y voir clair.

Du rififi à Wall Street est publié dans la mythique Série Noire des éditions Gallimard, emplie de pépites et de chefs d’œuvre du roman noir, aux titres du même acabit, du moins durant sa période historique, genre auquel nombre de prétentieux gredins, parisiens, ne m’en veuillez pas c’est ainsi, ce sont des gredins parisiens, n’accordent pas le moindre crédit. Et pas uniquement progressistes, on croise même quelques conservateurs dans ces contrées-là, le bobo ayant tendance à arborer de nombreuses casaques de nos jours. C’est qu’ils n’ont lu aucun Chandler ou Hammett, bien qu’ils aiment souvent se pâmer devant Ellroy, auteur noir par excellence, devant les films dont Humphrey Bogart est le protagoniste, films justement issus de romans noirs, ou maintenant devant des séries à succès qui sont l’équivalent contemporain de ce que furent les romans alors dits « de gare » par les prétentieuses gens. Du rififi à Wall Street est donc d’abord cela : un roman noir, et en même temps un hommage au roman noir en tant que tel, au point d’être l’œuvre (apparente) d’un auteur américain que l’on nous dit être « méconnu sous nos contrées ». Le critique auteur de ces lignes ne s’y est cependant pas laissé prendre, il le laissera entendre d’ici quelques lignes tout en essayant de ne pas dévoiler entièrement le pot aux roses – la chose n’est pas simple.

Ensuite, Du rififi à Wall Street est une prouesse littéraire. C’est un roman dans le roman qui, lui-même, est un roman dans le roman. Antoine Bello, auteur du somptueux Les falsificateurs, entre autres romans exceptionnels, auquel il est inconcevable qu’aucun Goncourt ou autre Renaudot n’ait encore été donné, tant il est l’un des écrivains français actuels parmi les plus créatifs, pas du genre à raconter le quotidien de sa plante de salon, est présenté sur la couverture comme étant le traducteur et le « présentateur » de ce roman écrit par un écrivain malheureusement disparu, non point mort mais dont nous ignorons ce qu’il est devenu. Le manuscrit serait arrivé dans la boîte mail de Bello. Il conte l’histoire de Vlad Eisinger, journaliste qui a tout quitté, son métier, son succès de journaliste financier, New York, pour se consacrer à une littérature qui ne nourrit pas son homme. Il accepte alors la proposition d’un grand patron d’écrire l’histoire de l’entreprise que ce dernier dirige, ainsi que l’épopée de l’homme en question. Cela ne se passe pas bien, Eisinger se voit contraint d’accepter d’écrire un roman formaté pour une maison d’édition spécialisée dans les romans dits de gare : ce sera How America Was Made, livre où Tom Capote raconte les malversations d’un magnat de la finance et de l’industrie. Du rififi à Wall Street raconte ainsi plusieurs histoires, dont celle d’Eisinger écrivant le roman noir de Tom Capote, avec un immense succès, jusqu’à ce que la réalité rejoigne la fiction et que cette dernière mette en danger Eisinger. Autrement dit, c’est l’auteur inventé par Eiseinger qui met en danger ce dernier. Dans ce roman dans le roman, cependant, il y a bien plus et c’est ce qui en fait toute la saveur : il y a un romancier dans le romancier. Ceux qui connaissent l’œuvre d’Antoine Bello seront émerveillés par la puissance de ce roman qu’il a la gentillesse de « traduire » pour le public français, un roman qui par ailleurs est un polar littéraire en même temps qu’une sacrée réflexion sur ce qu’écrire signifie, sur la question du succès aussi et de la nécessité de continuer ou non à écrire. Ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de Bello liront un roman noir au rythme et à l’intelligence qui rappelle les meilleurs du genre. À ceux-là, nous ne pourrons donner qu’un seul conseil mais il est de taille : après avoir lu Du rififi à Wall Street, allez lire les romans d’Antoine Bello, la série des Falsificateurs par exemple, parue dans la Blanche chez Gallimard. Vous entrerez alors encore plus profondément dans un vrai continent.

Vlad Eisinger, Du rififi à Wall Street, Gallimard, série noire, 310 p, 19 €

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