Civilisation

Le paradis mis en page
Notre ami Richard de Seze a l’esprit plaisant. Et c’est donc un plaisir de le lire. Il a l’art de nous conter des récits qui, sous leur légèreté apparente, cachent des trésors de réflexions.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Chers Amis lecteurs, procurez-vous vite, pour vos vacances, le dernier livre de Richard de Seze, le rédacteur en chef de votre magazine préféré, c’est-à-dire celui qui vous sert tous les mois un nouveau numéro de Politique magazine dont la qualité est assurée, qui est aussi le directeur de la rédaction de Radio courtoisie dont vous appréciez les matinales ironiques et détonantes, qui est encore chroniqueur dans plusieurs publications de notre famille de pensée, tels Monde et Vie, L’Incorrect, Valeurs actuelles.
Bref, il n’arrête pas, et c’est toujours le même plaisir à le lire et à l’entendre. Il a l’art de ramener les discussions – ce qu’en langue officielle et ennuyeuse on appelle des débats – les plus abstruses, les plus conventionnelles, les plus remplies d’idées et de mots estampillés par la pensée unique et contraignante de la puissance publique et des médias agréés, à l’essentiel néant de leur ridicule enflure que son simple sourire joyeusement sarcastique suffit à faire voler en éclats. La vaine baudruche se dégonfle sous le souffle léger de la dérision.
Ainsi est notre ami. Sa raillerie, si plaisante, est de salut public. Voici qu’il rassemble à nouveau en un volume agréable, de format simple, élégant et maniable, les chroniques qu’il donne chaque mois, dans L’Incorrect sur ces questions existentielles qui portent toutes sur le point de savoir très sérieusement si tel objet, tel sujet – donc tout, métaphysiquement tout –, est, selon son statut défini et ses caractéristiques bien spécifiées, de droite, point capital, ou, sinon, de gauche et, bien sûr, pourquoi. Clair, non ?
Et tout le mérite de chaque chronique est, bien évidemment, de mettre en relief les vraies références qui constituent la « droite » et qui ont l’avantage, sur celles de la « gauche », d’être par définition permanentes, stables, résilientes comme on dit aujourd’hui, essentielles, ontologiques en quelque sorte, à savoir naturelles, donc pures et transparentes, tout en étant mystérieusement entrées dans le surnaturel le plus sacré. Oui, l’Ami Richard est philosophe, et, plus que sage de tant de considérations profondément humaines, théologien, oui, même si ce qualificatif l’étonnera, et hautement mystique dans la mesure où il affirme le plus simplement du monde que l’être est. Et tout ça, à propos de belles-mères, de chaises longues, de canifs, de bérets (bien sûr, il fallait y penser !) d’éboueur, de mots, de manifs, de feuilles mortes, de marqueur (cette prétention verbale est de gauche, c’est sûr !), de risotto (qui ne peut être que de droite, comme il est lyriquement démontré) ; bref, tout y passe, la maïeutique socratique de notre auteur – le questionnement de Socrate est souvent une subtile moquerie – s’exerce à cœur joie avec des vibrations qui résonnent jusqu’au tréfonds de l’être et permettent à l’esprit de sortir de la caverne du monde moderne qui n’est qu’un enfermement, voire un confinement, pour enfin se plonger librement dans la forme idéale platonicienne de la vérité des choses et dans l’Être parménidien qui se contente d’être. C’est si beau d’être ! Et l’être est si beau !
Eh oui, la modestie de notre ami qui se rit d’elle-même, ne permet pas d’invoquer de plus hautes autorités. C’est dire la gravité et le sérieux de cette pourtant franche rigolade ; elle se sublimise dans un style unique où le mot rare se détache comme une pierre précieuse dans une tournure qui met en évidence une idée aussi simple que recherchée. Et la plume cornucopiasque de l’Ami Richard est littéralement intarissable en vocabulaire aussi approprié que délicieusement goûteux.