Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Jean-Paul Gourévitch a construit ce qu’on appelle une œuvre : 75 ouvrages publiés, de formes et de sujets très divers, mais qui ont peu à peu développé chez lui le souci obstiné de discerner le vrai du faux dans des dossiers particulièrement brûlants. Personne ne peut oublier son maître-livre Les migrations pour les nuls, titre dont on a pu savourer l’ironie tout en en saluant non seulement l’objectivité, mais l’effort colossal d’information précise, chiffrée autant que de besoin et constamment soumise à vérification. Pour ne s’en laisser conter par personne, de quelque tendance que ce soit…
Dans son dernier livre, il s’attaque au thème angoissant du « grand remplacement ». On y retrouve les qualités de Gourévitch, propres à séduire tous ceux qui veulent comprendre la réalité des problèmes vécus par la France. La formule de Renaud Camus a en effet de quoi inquiéter. Dans quelle mesure est-elle une réalité ? Gourévitch admet que sa conclusion risque de décevoir les uns et les autres, ceux qui souhaitent la disparition totale de la France d’hier comme ceux qui pensent qu’elle ne peut progresser qu’en assumant son passé, qui a fait d’elle et des Français ce qu’ils sont aujourd’hui.
C’est qu’en effet il n’assène jamais aucune « vérité ». Tout au long de ce livre, il fait progresser son enquête de manière exemplaire, formulant, à la fin de chaque étape, des « conclusions provisoires », qui sont comme les pitons, les points d’appui de l’alpiniste aussi audacieux que prudent. Il expose en détail les idées de Camus, fait un point précis des objections, reprend les données les plus récentes et les moins discutables sur l’immigration, et procède à une analyse extrêmement fouillée de la présence de l’Islam en France, sous ses différentes formes, dans les quartiers et dans l’éducation. Après un panorama prospectif décrivant le possible comme le probable, l’ouvrage s’achève sur cinq « prescriptions » de nature politique qui recoupent largement ce que Politique magazine a toujours défendu. Les deux principales sont d’en finir avec le déni de réalité encore trop répandu dans les médias et le discours politique ; et de refonder « l’ethnicité », en ne cachant plus les réalités tant sur les statistiques que sur l’origine des violences ethniques.
Car la vérité libère : il s’agit moins de trancher le débat sur « le grand remplacement » que de le clarifier, de l’apaiser « en remplaçant l’anathème par l’argument, l’insulte par l’écoute, les rumeurs par des chiffres et l’effervescence par le sang-froid ». Nul doute que ce livre est en mesure d’y contribuer puissamment.