La trilogie du Problème à trois corps est le roman d’une légende asiatique de la SF, Liu Cixin. L’histoire tient autant du space opéra que de l’anticipation, intégrant une critique politique fine et cependant virulente de certains travers de notre époque, travers parfois reportés dans le futur proche mais parfaitement identifiables. Il en va ainsi du féminisme radical anti-mâles ou de l’obsession pour l’immortalité. Les romans parcourent une chronologie non linéaire, par le subterfuge subtilement utilisé de processus d’hibernation, une absence de linéarité qui ajoute à l’entraînement de cet ensemble captivant : nous ne sommes pas plongés dans un monde simple mais dans un univers complexe, en effet un « problème à n corps ». C’est bourré d’inventivités de genre absolument géniales, tout en s’appuyant sur l’état actuel de l’astrophysique.

Tout commence lors de la révolution culturelle chinoise quand Ye Wenjie, jeune astrophysicienne en cours de rééducation politique, est envoyée sur la base militaire secrète de Côte Rouge, où est développée une arme surpuissante. Mais derrière ce prétendu projet se cache une autre réalité : la volonté de transmettre des messages vers l’espace. Alors commence le problème à trois corps : comment se préparer à affronter un « contact » tandis que la terre est mise sous surveillance par une supposée civilisation extraterrestre ? Une fois qu’elle sait ne disposer que de quatre siècles avant d’être envahie, comment se préparer à résister quand toute technologie et toute science sont surveillées ? Sens de la vie, rôle et place de l’être humain dans l’univers, probabilité d’une Terre comme seule planète viable et que d’autres formes de vie existent, dérives de la techno-science, fragilité de l’humanité… La trilogie est impossible à résumer tant elle est un livre monde : d’emblée, un chef-d’œuvre de la SF qui deviendra très vite un classique du genre.

Par Mathieu Baumier

Liu Cixin, trilogie du problème à trois corps, composée de trois romans :

• Le problème à trois corps, Actes Sud, 2016 (Hugo du meilleur roman 2016), 432 p.
• La forêt sombre, Actes Sud, 2017, 650 p.
• La mort immortelle, Actes Sud, 2018, 800 p.

Les trois volumes sont en cours de réédition en poche Babel.