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Tricentenaire de l’abbé Bergier, l’adversaire des philosophes

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Tricentenaire de l’abbé Bergier, l’adversaire des philosophes

Le 31 décembre 2018 est le jour du tricentenaire de la naissance de Nicolas-Sylvestre Bergier. Si les noms de Voltaire, de Rousseau, de Diderot et des autres philosophes des Lumières sont connus, qui aujourd’hui pourrait nommer l’abbé Bergier et citer les titres de ses ouvrages ? Il fut pourtant célèbre en son temps, pendant les années qui précédèrent la Révolution, et son plus important livre fut réédité tout le long du siècle suivant. Il fut non seulement le courageux adversaire des philosophes, mais aussi et surtout le défenseur zélé et inlassable de la foi. Son autorité fut telle que même Voltaire n’osa l’attaquer de front.

Nicolas-Sylvestre Bergier est né le dernier jour de l’année 1718, dans une petite ville de ce qui était alors le duché de Lorraine. Ses parents étaient modestes, puisque son père, lui-même fils de laboureur, occupait les fonctions de maître d’école et de sacristain. Le jeune Bergier fit ses études au collège, puis au séminaire de Besançon où il obtint son doctorat en théologie. En 1749, Bergier fut nommé curé de Flangebouche, un petit village dans les forêts du Jura. Il y resta seize ans. Tout en s’occupant de ses paroissiens, Bergier écrivit quelques livres, dont un essai sur l’origine des langues (Les éléments primitifs des langues, découverts par comparaison des racines de l’hébreu avec celles du grec, du latin et du français, 1764). C’est cependant à l’occasion de la publication de l’Émile de Rousseau que Bergier se fit remarquer, car il en entreprit une réfutation qui allait faire grand bruit. Comment cependant un simple curé de campagne pouvait-il se mesurer avec un écrivain aussi célèbre que Rousseau ? Bergier envoya son manuscrit à l’archevêque de Paris, Mgr de Beaumont, lequel l’encouragea à le publier. En 1765 parut Le Déisme réfuté par lui-même, livre par lequel Bergier attaquait les principes de Rousseau, tant ceux de l’Émile que ceux des Lettres écrites de la montagne. Bergier était conscient de son audace, laquelle nourrissait sa pugnacité : dès les premières pages, il apostrophe ainsi Rousseau :

Fussiez-vous cent fois plus grand, et moi cent fois plus petit, vous pourriez par hasard avoir tort, tandis que j’aurais raison. Sans avoir autant d’esprit que vous, on peut en avoir assez pour vous faire voir que vous vous trompez. Non, Monsieur, je ne possède point le talent dangereux d’éblouir les lecteurs, de déguiser le faux sous les apparences du vrai ; je n’ai point ce style brillant, nerveux, tranchant qui vous distingue, ni cette intrépidité qui vous fait envisager de sang-froid les conséquences absurdes de vos principes ; je n’ai pour moi que la raison et la vérité ; si elles triomphent par une plume aussi peu aguerrie que la mienne, elles en auront tout l’honneur.

Dans Le Déisme réfuté par lui-même, non seulement Bergier met en avant les contradictions de Rousseau, ainsi que le titre de l’ouvrage l’indique, mais il rappelle aussi, arguments à l’appui, la nécessité de la Révélation, l’importance des miracles de Jésus-Christ, et l’autorité de l’Église. Un chapitre est consacré à la notion de tolérance, dont Bergier montre l’inanité théologique. Le livre de Bergier sera traduit dans les années suivantes en italien, en allemand, en espagnol et en anglais.

Les autorités ecclésiastiques, ne pouvant rester indifférentes au travail apologétique de Bergier, le nommèrent principal du collège de Besançon. Bergier continua son offensive de réfutation des philosophes par d’autres livres : La certitude des preuves du christianisme, en 1767, et l’Apologie de la religion chrétienne, en 1768. Ces ouvrages lui valurent deux hommages de Rome, un bref élogieux de Clément XIII, et un autre de son successeur Clément XIV. L’archevêque de Paris offrit un canonicat à Bergier, lequel devint chanoine à Notre-Dame. Quelque temps après, Bergier fut désigné comme confesseur de certains membres de la famille royale, et fut ainsi dispensé de la présence aux offices de Notre-Dame afin de pouvoir habiter à Versailles. Que de chemin parcouru depuis le petit village de Flangebouche ! L’abbé Bergier resta néanmoins toute sa vie insensible aux mondanités, vécut modestement, n’employa son argent qu’aux achats de livres dont il avait besoin pour son travail apologétique, et n’oublia pas ses anciens paroissiens ou collègues de Besançon qu’il aida du mieux qu’il put.

Bergier continua à écrire. En 1771, parut l’Examen du matérialisme, ou réfutation du Système de la nature, lequel ouvrage est une réponse au célèbre livre du baron d’Holbach. Nonobstant le succès de ses publications, Bergier voulut aller plus loin encore ; il ne se contentait pas d’avoir attaqué les philosophes, il était sévère envers lui-même, estimant que ses livres « n’étaient que des matériaux, qu’il faut remanier tout autrement » (lettre à l’abbé Trouillet, 4 janvier 1775). Ainsi se lança-t-il dans une entreprise monumentale, à savoir la rédaction de son immense Traité historique de la vraie religion avec la réfutation des erreurs qui lui ont été opposées dans les différents siècles, ouvrage en 12 volumes, qui parut en 1780. Le Traité connut un succès considérable. Bergier n’en resta pas là, il occupa les dernières années de sa vie à rédiger son fameux Dictionnaire de théologie, lequel connaîtra, pendant le siècle qui suivit sa publication, 31 éditions en français, 7 en italien et 4 en espagnol.

L’abbé Bergier a mené la guerre contre les philosophes en se battant sur plusieurs fronts. Lorsque les philosophes ont mis en doute la véracité des événements contenus dans les textes sacrés, Bergier n’a pas hésité à les réfuter, sur leur propre terrain, en utilisant les armes de la critique historique ou scientifique. Dans le domaine de la philosophie à proprement parler, Bergier eut à répondre à ceux qui réduisaient l’homme à n’être qu’un mécanisme, et à ceux, parfois les mêmes, qui soutenaient que le libre arbitre n’existe pas et que l’homme, en conséquence, est le jouet du destin ou, en des termes plus scientifiques, complètement déterminé par l’enchaînement des causes et des effets. Contre les premiers, Bergier met en avant l’expérience intime que nous avons de notre âme, de notre pensée, et oppose cette évidence au matérialisme des philosophes. Contre les seconds, Bergier rappelle les arguments classiques en faveur du libre arbitre, et n’a pas de peine à établir leur compatibilité tant avec la grâce qu’avec la toute-puissance de Dieu et, tout comme pour notre âme, il évoque aussi le sens commun. Bergier reste bien sûr fidèle à cette idée tant aristotélicienne que cartésienne que tout homme est auteur de ses actes et donc responsable desdits actes. La religion chrétienne suppose une telle liberté, puisque l’homme doit être récompensé ou puni selon la vie qui aura été la sienne sur terre.

Outre les aspects scientifiques, historiques et philosophiques en tant que tels, Bergier s’en prend à la stratégie générale de ses adversaires. Dans son livre contre Rousseau, Bergier avait mis à mal la prétendue tolérance des philosophes. Selon Bergier, il existe trois types de tolérance. La première est la « tolérance ecclésiastique ou théologique », laquelle consiste à croire que « les hérétiques de toutes les sectes, les juifs, les mahométans même, quoique hors de l’Église sont néanmoins dans la voie du salut ». Cette tolérance est inadmissible :

Si Dieu a voulu éclairer le monde par la prédication de Jésus-Christ et des Apôtres ; s’il a établi un ministère visible pour étendre par tout l’univers, et pour en perpétuer la croyance des vérités révélées, comme nous l’avons prouvé, tout homme à portée de vérifier ces deux faits, est coupable de ne pas se soumettre à l’autorité de l’Église ; il méprise la parole de Dieu, il désobéit à ses ordres, il s’expose volontairement à la damnation éternelle . (Le Déisme réfuté par lui-même)

Une autre tolérance est « la tolérance civile », c’est celle qui consiste, pour un gouvernement, à autoriser tels ou tels individus à avoir une religion autre que catholique. Cette tolérance peut avoir des raisons politiques et être ainsi justifiée, mais en aucun cas, il ne doit être permis à ces individus de tenir des propos publics et encore moins à avoir des actes publics contraires à la religion catholique. Reste enfin une troisième sorte de tolérance, laquelle est la fraternité, que tous les chrétiens doivent avoir entre eux, et de ce point de vue, la religion chrétienne est la plus tolérante de toutes les religions.

Toute l’œuvre de Bergier montre la nécessité de la religion. Tous ses efforts convergent pour montrer qu’une approche seulement naturalisante de l’homme est inappropriée. L’homme n’est pas le résultat de la simple histoire naturelle. C’est pourquoi Bergier insiste tant sur la notion de Révélation. S’inspirant de la Nouvelle démonstration évangélique de John Leland, Bergier montre qu’il y a eu trois Révélations : celle qui a été faite à nos premiers pères, la « Révélation primitive », celle qui a été faite aux juifs, la « Révélation mosaïque » et enfin la dernière Révélation, celle qui est annoncée par les Évangiles et qui enseigne la religion universelle. Si donc il n’y a que trois Révélations, il ne peut y en avoir de quatrième, et Bergier condamne, avec tous les catholiques de son temps, le mahométisme, lequel, comme disait déjà Bossuet, est « une religion monstrueuse ». Selon Bergier, cette religion n’est qu’ « un mélange bizarre de judaïsme et de christianisme avec des absurdités sans nombre ».

Bergier mourut en 1790. Il voyait avec amertume et tristesse le délitement de toute la société pervertie par l’abandon progressif de la religion. Un an avant sa mort, Bergier était lucide quant à l’avenir de la France, il écrivit dans l’opuscule  Quelle est la source de toute autorité ?, en faisant allusion à Tite-Live :

Nous sommes à peu près au même point où étaient les Romains quand ils eurent perdu les principes de religion, d’honneur, de vertu, de patriotisme qu’avaient eus leurs pères ; on est tenté de dire avec un de leurs historiens : nous sommes parvenus en un temps auquel nous ne pouvons plus supporter ni nos vices, ni les remèdes.

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