En entendant les dernières déclarations de Macron sur la Constitution ou en voyant L’Union européenne s’acharner sur la Hongrie, on comprend à quel point la notion d’État de droit est devenue un de ces concepts formidable et fumeux, comme la Dignité, qui sert à justifier n’importe quel dérive tyrannique au prétexte de respecter un norme si supérieure que son interprétation actuelle suffit à abroger tous les usages, au mépris des fondements du droit naturel, de la souveraineté des droits nationaux, des cultures séculaires et même des fondements théoriques de la plupart des régimes actuels. Ghislain Benhessa, docteur en droit, universitaire, avocat, revient sur “l’invention” allemande du concept (Kelsen contre Schmitt) puis montre à quel point il a été utilisé contre l’État, le droit (français, européen, mondial) s’érigeant en valeur absolue au point de devenir, dans les mains de juges et de juristes inconscient, l’instrument de la destruction de nos sociétés, au nom d’un formalisme pur qui ne s’avoue pas à lui-même qu’il se double d’un agenda progressiste. Lutter contre le terrorisme, réguler l’immigration, ne pas céder à l’islamisme, préserver une culture, bref tenir compte des circonstances réelles et non pas de l’utopie imaginaire, est devenu tâche impossible pour les gouvernants – si tant est qu’ils veuillent ainsi gouverner. Clair sur la théorie, nourri d’exemples précis, esquissant des solutions, ce livre est un vrai outil pour réfuter tout pouvoir à ce mot magique.

 Ghislain Benhessa, Le Totem de l’État de droit. Concept flou, conséquences claires. L’Artilleur, 2021, 240 p., 18 €