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Tombeau pour un résistant

François-Marin Fleutot explore le royalisme comme une contrée sauvage dont on n’a jamais parcouru que quelques allées bien tracées.

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Tombeau pour un résistant

Lui buissonne, pénètre hardiment les halliers, tombe sur des chapelles oubliées, des clairières cachées et des bêtes étonnées de la rencontre. Il en revient avec des récits magnifiques sur tous ceux qui, rois ou fidèles au roi, eurent des destins vertueux qu’en République on ne prête qu’aux républicains de stricte obédience. Dans cet ouvrage, il raconte comment Jacques Renouvin, qui était d’Action française (mais condamnait l’attitude de Daudet et Maurras), constitua un des premiers groupes francs de résistants en 1940, en zone libre. C’est une épopée, racontée comme des mémoires, par un auteur qui maîtrise admirablement son sujet et nourrit son récit d’un nombre impressionnant de documents officiels, livres rares, témoignages inédits recueillis par lui-même, sans que jamais l’érudition n’encombre la narration. Le groupe franc réunit des patriotes de tous horizons, les athées côtoyant les catholiques et les démocrates-chrétiens les royalistes. Ils sont jeunes, inexpérimentés, brouillons mais remplis du sens de leur devoir. Leur histoire est comme une perspective cavalière dans la Résistance française puisqu’ils vont croiser beaucoup d’illustres – qui furent illustres parce qu’ils survécurent, contrairement à tous les membres du groupe franc, arrêtés, fusillés, déportés… – et des figures moins connues, comme le capitaine Henri Frenay, pas du tout communiste et pas assez gaulliste pour qu’on en parle encore beaucoup, mais résistant de la première heure. François-Marin Fleutot s’attache à décrire chaque protagoniste, comme un devoir de mémoire nécessaire alors que tous les témoins directs, ou presque, ont disparu. Sous le patronage de Jacques Renouvin, tous se dressent devant nous pour témoigner que la politique est un art difficile et l’honneur un chemin parfois délicat à discerner et toujours dur à suivre.

François-Marin Fleutot, À l’aube de la résistance. Cerf, 2020, 300 p., 24 €.

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