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Stéphane Brizé ou la défaite du monde ouvrier

Entre deux films français sur deux luttes ouvrières, treize ans ont passé : l’État s’est effacé devant la mondialisation anonyme et ses drames inéluctables.

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Stéphane Brizé ou la défaite du monde ouvrier

J’ai vu l’autre soir En guerre de Stéphane Brizé (2018), dont j’avais déjà beaucoup apprécié l’excellent La Loi du marché (2015) et surtout Je ne suis pas là pour être aimé (2005), film plein de promesses qui depuis ont été tenues.

Lorsqu’un groupe industriel allemand décide la fermeture d’une usine du sud de la France, en violation de l’accord signé deux ans plus tôt et de tous les sacrifices consentis, les salariés décident de lutter. Sous la conduite de leurs représentants syndicaux, ils recherchent d’abord les voies de recours traditionnelles : négociation, tribunaux et appel à l’arbitrage de l’État. Mais ces démarches se révèlent bientôt inutiles et, après plusieurs semaines de grève, le front de lutte commence à se fissurer, tandis que les efforts sincères et désespérés du principal meneur, les actions qu’il organise pour marquer l’opinion, semblent mener dans l’impasse.

Des salariés qui se battent dans la brume

En voyant ce film j’ai pensé d’un bout à l’autre à une œuvre voisine, le remarquable Jusqu’au bout du regretté Maurice Failevic (2005) avec Bernard-Pierre Donnadieu, film inspiré de la dramatique occupation de l’usine Cellatex de Givet par des salariés à bout d’espoir, avec menace de déversement de produits toxiques dans une rivière proche. Mais là où Failevic alternait les images des salariés avec la présentation des arcanes et des comédies d’un pouvoir capable d’intervenir, Brizé s’attache presque exclusivement à nous montrer les salariés, leurs espoirs, leurs illusions, leurs angoisses et leurs oppositions internes. En fait, on a l’impression que, de Failevic à Brizé, les choses ont tragiquement évolué. Chez Failevic, les salariés pouvaient se battre contre un pouvoir réel ou faire appel, fût-ce par la ruse, à un État réellement capable d’agir. Treize ans plus tard, la mondialisation est passée par là, et il n’y a plus de pouvoir clairement identifié. On a l’impression que les salariés de Brizé se battent, non pas contre des moulins à vent, mais contre une brume, à la recherche d’un interlocuteur insaisissable parce qu’inexistant : l’État ne peut que parler, le directeur général ne peut que téléphoner, le grand chef mondial du groupe ne peut que pérorer… Face à cet état de fait désespérant, l’angoisse et la colère des salariés ne peuvent se traduire que par la violence, évidemment la pire des solutions.

Une tranche de vie

En filigrane, le film évoque aussi la toute-puissance des images, c’est-à-dire des médias dont les comptes rendus et les reportages à charge ou à décharge fabriquent une opinion favorable ou défavorable à telle ou telle cause, à tel ou tel combat.

Techniquement, la caméra de Stéphane Brizé joue presque toujours (hormis un plan large ou un travelling filé de ci de là) l’immersion « sur l’épaule » et le gros plan, que ce soit dans les scènes de groupe ou de foule. Parfaitement maîtrisée, elle contribue ainsi à créer un effet de réalité et de proximité tout à fait remarquable, que renforce encore le jeu des acteurs (Vincent Lindon, mais aussi tous ceux qui l’entourent : Lindon était le seul acteur professionnel du casting et les dialogues étaient improvisés à partir d’une trame). On oublie très vite qu’il s’agit d’un film, et on a plutôt l’impression de regarder une tranche de vie comme en proposait l’émission Strip-tease. Seule la fin du film rompt avec cette démarche, en jouant sur la profondeur de champ pour accentuer la solitude du personnage principal, ou en changeant de cadrage pour traduire l’action finale en film façon smartphone, ce qui en accroît l’effet de réel.

Au bout du compte, le film de Failevic et celui de Brizé se rejoignent par leur pessimisme. L’un comme l’autre semblent acter la défaite d’un monde ouvrier qui, s’il se sait En guerre et se dit prêt à lutter Jusqu’au bout, ne paraît pas disposer de beaucoup d’armes pour assurer sa survie. La seule étincelle d’optimisme – et encore – du film de Brizé réside dans la séquence de la visite à la maternité : un enfant naît, la vie continue et avec cet enfant renaît aussi l’espoir. Peut-être.

Par Christian Clamecy

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