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Sodoma, une charge contre le célibat consacré

L’enquête de Frédéric Martel vise moins à révéler un secret qu’à pousser l’Église à changer sa morale sexuelle, à oublier l’abstinence et même à mettre fin à l’archaïque célibat des prêtres.

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Sodoma, une charge contre le célibat consacré

Le coup a été savamment pesé. Coïncidant avec l’ouverture à Rome du sommet consacré aux abus sexuels, la publication de l’enquête de Frédéric Martel, aboutissement de quatre années d’immersion dans la faune dantesque du Vatican, a reçu un appui éditorial hors du commun, comparable à celui qui accompagne la sortie d’un livre de Dan Brown : publié simultanément en huit langues et dans vingt pays différents, l’ouvrage du journaliste et sociologue a été conçu pour exploser comme une jolie bombe au milieu d’une grande réunion de famille. Des centaines d’entretiens avec des officiels du Vatican, des dizaines de pays parcourus, quatre-vingts enquêteurs mobilisés, pour faire éclater au grand jour « le secret le mieux gardé du Vatican ».

Quel secret ? Quelle révélation annoncée à si grand renfort de publicité ? En peu de mots : « Le Vatican a une communauté homosexuelle parmi les plus élevées au monde et je doute que, même dans le Castro de San Francisco, ce quartier gay emblématique aujourd’hui plus mixte, il y ait autant d’homos ». Ainsi donc, derrière ses allures de mère vertueuse, derrière la façade d’un discours ouvertement réprobateur, derrière ces combats publics que depuis vingt ans elle mène seule pour empêcher les unions civiles, les mariages gays et autres extensions de PMA, l’Église serait en réalité un obscur repère de gays !

Sous les discours homophobes sommeille une homosexualité refoulée

Tout l’ouvrage, long de 630 pages, se veut une dénonciation de cette « hypocrisie » intolérable, l’institution qui s’oppose aux droits des homosexuels étant de toutes la plus manifestement homosexuelle. C’est bien connu, du reste : sous les discours les plus ouvertement homophobes sommeille toujours une homosexualité refoulée. Les pires opposants à la cause des gays sont toujours des gays qui ne veulent pas se l’avouer. Ainsi du cardinal Burke, cette grande folle aux habits liturgiques extravagants. Ainsi de Benoît XVI, ce pape qui aimait porter des bonnets de fourrure. Ainsi du cardinal Müller, qui sussure des mots doux en allemand à un correspondant invisible à l’autre bout du téléphone. Ainsi de Monseigneur Viganò, cet ancien nonce apostolique qui a dénoncé la présence d’un lobby gay au cœur du Vatican, dans une lettre publique qui fît scandale : « Viganò révèle magnifiquement, et à son corps défendant, que la théologie des intégristes peut être, elle aussi, une sublimation de l’homosexualité ».

C’est bien simple : tous, en fait, sont de la jaquette. Plus ou moins. Et plutôt plus que moins. Et les plus critiques sont aussi les plus complices, sachez-le ! Il y a même une loi spéciale pour dire cela, une loi que Frédéric Martel, en bon sociologue, isole et numérote : « Voici une nouvelle règle de Sodoma, la troisième : Plus un prélat est véhément contre les gays, plus son obsession homophobe est forte, plus il a de chances d’être insincère et sa véhémence de nous cacher quelque chose » (p. 53) . Et inversement : « Une quatrième règle de Sodoma : plus un prélat est pro-gay, moins il est susceptible d’être gay ; plus un prélat est homophobe, plus il y a de probabilité qu’il soit homosexuel ». Allons bon…

Sodoma : un pur instrument de propagande

Sous couvert de scientificité et d’objectivité journalistique (Martel ne prétendant quand même pas être un expert des choses de l’Église), ce livre est donc un pur instrument de propagande, le produit d’une volonté militante que l’auteur – proche des associations LGBT – n’a jamais dissimulée. Il s’agit en somme de construire un gigantesque argument ad hominem, visant à disqualifier le discours de l’Église sur l’homosexualité. Comment les dénonciations de la pratique homosexuelle peuvent-elle encore être légitimes, quand il est avéré que le Vatican lui-même n’est rien d’autre qu’un immense bar à marins où les soutanes sortent le soir pour s’encanailler et s’offrir à la sauvette tous les plaisirs interdits ? « Ainsi, l’omniprésence des homosexuels au Vatican n’est pas de l’ordre de la dérive, de la “brebis galeuse”, “mouton noir” ou du « filet qui contient de mauvais poissons », comme le dit Ratzinger. « Ce n’est ni un “lobby” ni une dissidence ; ce n’est pas non plus une secte ou une franc-maçonnerie à l’intérieur du Saint-Siège : c’est un système. Ce n’est pas une petite minorité ; c’est une grande majorité ».

Si ce n’était que cela… mais la machine de guerre lancée droit contre les murailles du Vatican a un autre aspect beaucoup plus oblique, un aspect, disons-le, plus préoccupant. Le propos de Frédéric Martel ne consiste pas seulement à faire apparaître l’insupportable duplicité d’un adversaire. Il est aussi, simultanément, de se chercher des alliés objectifs au sein de l’Église, en œuvrant activement à une évolution interne de sa position intolérante sur l’homosexualité. Soucieux du bien-être de tous les gays, y compris de cette multitude de gays qui sont prêtres, l’auteur se veut donc par transitivité au service de l’Église elle-même, qu’il aide donc généreusement à évoluer dans le bon sens. Abandonnant par instants son ton de franche hostilité, il passe alors au registre de la complicité amicale.

Bien entendu, il ne veut de mal à aucun prêtre ! Pourquoi leur en vouloir du reste ? Ils sont tous « de la paroisse », comme on dit, tous identiquement « pratiquants » d’un même culte, tous affiliés à la même société secrète dont un seul regard – pourvu qu’il soit doté du fameux « gaydar » – suffit à reconnaître les membres. Cela crée évidemment un sentiment de solidarité, le militant gay ayant l’impression d’être chez lui lorsqu’il déambule dans les avenues de Vatican City, cette moderne Sodome. Ce n’est pas pour dire du mal, bien sûr, qu’il entreprend aussi d’“outer” les uns et les autres à tour de bras, avec une incontinence qui passerait pour odieusement homophobe en toute autre circonstance. Non, c’est pour faire œuvre utile et aider l’Église à retrouver l’authentique chemin de sa sagesse évangélique.

Gentils modernistes vs méchants conservateurs

Avec l’autorité d’un théologien qui professe ex cathedra, l’athée revendiqué qu’il est distribue ainsi des certificats en orthodoxie religieuse à toute la mouvance progressiste de l’Église. Le parti de la vérité et celui de l’erreur sont par lui clairement identifiés. Comme son dogmatisme intellectuel le rend incapable d’envisager qu’une personne charitable puisse émettre la moindre réticence à voir l’homosexualité traitée en norme alternative, aussi naturelle et respectable que l’attirance entre un homme et un femme, l’auteur formule son jugement, sans plus d’embarras, sous la forme d’un jugement de personnes, lesquelles sont mises en scène avec une belle maîtrise narrative. Presque systématiquement, les traditionalistes et les conservateurs sont ainsi présentés sous les traits de « méchants » ; et les chics types, les « gentils » de cette intrigue vaticane, ce sont tous les modernistes. C’est une trame épaisse, sans subtilité, mais qui permet du moins au lecteur paresseux de se retrouver aisément dans cette galerie de protagonistes qui s’allonge à une vitesse étourdissante.

L’ensemble du procédé en dit plus long sur l’idéologie de l’auteur que sur l’institution dont il prétend rendre compte avec le sérieux qui sied à un journaliste. Pour cette raison, Sodoma vaut vraiment la peine d’être lu. Car ce livre, s’il parle très mal des travers de l’Église, expose en revanche très bien – à son corps défendant – les travers de la mouvance LGBT. Ce qui s’y donne à voir, à longueur de pages, ce sont les errements d’un pansexualisme qui consiste à identifier chaque individu à la loi d’airain de son désir, en application du fameux principe spinoziste : « le désir est le propre de l’homme ». Significativement, l’auteur affirme s’être moins intéressé à l’Église qu’à la communauté gay qui vit en son sein : « Ce livre ne vise donc pas l’Église dans son ensemble, mais un “genre“ très particulier de communauté gay : il raconte l’histoire de la composante majoritaire du collège cardinalice et du Vatican ». Ce déplacement de perspective est dans la parfaite logique d’un prisme idéologique qui ne veut plus voir que des homosexuels là où l’on pouvait supposer qu’il y avait d’abord des prêtres. Qu’il y ait des prêtres homosexuels, et qu’il y en ait même beaucoup, cela ne fait guère de doute. Mais Frédéric Martel lui, voit tout autre chose. Il voit des homosexuels qui sont aussi, par ailleurs, des prêtres. L’identité véritable d’un homme, manifestement, se joue d’abord à ses yeux dans la fatalité infrangible d’une inclination sexuelle… et certainement pas dans le choix libre d’une vocation.

Le livre se termine sur un récit très émouvant et magnifiquement écrit : l’histoire d’un prêtre que l’auteur avait connu enfant et dont, bien des années plus tard, il découvrit qu’il était mort du Sida, seul et abandonné de tous. Ce petit apologue fait mieux réfléchir que tout le livre. Mais il fait voir aussi très bien ce qui ne va pas dans ce combat qui est mené si activement en faveur de la cause homosexuelle. On ne peut s’empêcher de reconnaître dans ce « père Louis » la belle figure tragique d’un héros de Bernanos. Mais Frédéric Martel voudrait qu’on y voit plutôt une icône gay crucifiée sur l’autel de la sexualité par une Église intolérante. Il y a comme un écart navrant entre la grande sensibilité esthétique dont fait preuve ce grand admirateur de Rimbaud, et le grossier réductionnisme qui lui sert de grille de lecture anthropologique. « Everything is about sex ; except sex. Sex is about power ». Pour un défenseur de l’identité gay, cette devise a manifestement la valeur d’une parole d’évangile.

Peut-être n’a-t-il pas pris la mesure de la violence implicite que porte en elle pareille vision des choses. Car elle donne consistance et réalité à une identité, celle de « l’homosexuel », celle du « gay », du même acabit que celle qui consiste à épingler une étoile rose sur certains individus pour les réduire au su et au vu de tous à leur inclination sexuelle. La seule différence étant que ce qui est présenté dans un cas comme une marque d’infamie apparaîtra dans l’autre cas comme un signe de fierté. Mais dans les deux cas, le terme « homosexuel » devient un substantif au lieu d’être seulement un adjectif. Il n’est pas ce qui décrit une tendance, il est ce qui définit et pose un homme. Armé de ce substantif, Fredéric Martel se penche sur la sexualité des prêtres avec une incroyable vigilance inquisitoriale, comme s’il s’agissait de découvrir dans leurs sordides petits secrets d’alcôve la raison secrète de leur existence, la substance enfouie qui irrigue en eux émotions et sentiments, intelligence, imagination….

Un auteur obsédé par le sexe

Mais dire, comme il le fait avec une joie maligne, qu’il y a des gays, une armée de gays ! au sein de l’Église, est tout simplement de la bêtise. Beaucoup de prêtres peuvent être homosexuels, certes. Mais aucun d’entre eux n’est un gay. Ni une majorité ni même une toute petite minorité. Ce sont des catholiques d’abord, des hommes qui se définissent par leur appartenance au Christ, et certainement pas par la pente de leur désir sexuel. Ce sont aussi et surtout des prêtres, c’est-à-dire des hommes qui se définissent par la condition librement choisie d’un célibat consacré. Rien ne témoigne mieux d’ailleurs cette répugnance pour eux à se laisser enfermer dans une identité sexuelle que l’énorme distance, la distance paroxystique qu’ils prennent en théorie avec elle en revêtant la condition symbolique de castrats.

Que cette condition soit difficile et même impossible à tenir sans les secours de grâce et de la vie sacramentelle, personne, et surtout pas l’Église, ne l’a jamais nié. Elle est terriblement exigeante. Mais son existence même témoigne, comme une preuve en acte, de la plus haute dignité humaine et de l’impossibilité de jamais réduire une personne au désir qui l’anime. Il ne faut pas s’y tromper, du reste : la véritable cible de Frédéric Martel, l’objet principal de son ressentiment, c’est le célibat consacré. À la lecture de son enquête, n’importe quel catholique serait pris de dégoût devant le spectacle navrant de tant de hauts prélats qui, avec une complaisance bonhomme, ont visiblement pris le parti de jeter aux orties leur vœu de chasteté. Mais pour Frédéric Martel, le véritable scandale réside plutôt dans ce vœu de chasteté. Des désordre actuels de l’Église il tire l’argument que le célibat et l’abstinence sont des impasses, des mensonges, des aberrations. Tout son propos vise moins à favoriser la reconnaissance des homosexuels au sein de l’Église qu’à abattre une bonne fois pour toutes l’élément central auquel s’adosse toute la doctrine catholique en matière de morale sexuelle : l’existence du célibat consacré. Contre lui, il tire à boulets rouges, n’y voyant rien d’autre qu’un pesant archaïsme et une condition « contre-nature ». Avouons que cette invocation à la loi naturelle sous la plume d’un militant LGBT ne manque pas de saveur.

On fait souvent à l’Église ce reproche d’être obsédée par le sexe. Ce livre malhonnête et partisan (car enfin cette enquête à charge manque assez souvent de preuves indubitables et ne manque pas de partis pris indubitables) aura du moins la vertu de faire comprendre pourquoi. Elle est obsédée par le sexe car elle fait face à des gens qui ne pensent littéralement qu’à travers ce prisme et qui cherchent en permanence à réduire les hommes aux diktats souverains de leurs désirs sexuels. Elle est obsédée par le sexe comme on peut l’être par la menace que représente pour l’humanité l’adoration d’une nouvelle idole. Il y a sans doute beaucoup de prêtres homosexuels dans l’Église, c’est vrai. Mais ces serviteurs de Dieu doivent redoubler de courage car ils sont confrontés à la légion coalisée des adorateurs du dieu Pan.

Par Damien Clerget-Gurnaud

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