Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Cet ouvrage original pourrait être celui de la grande histoire européenne racontée au prisme de l’évolution de l’empire d’Autriche-Hongrie, mais il est davantage. Il tourne autour de la guerre de 14-18, qui constituera la prémisse fatale à la décadence de l’Europe et à l’entrée des Etats-Unis d’Amérique dans les affaires du Vieux Continent. A la lumière du destin du vieil empire, qui sera purement et simplement rayé de la carte par les Alliés, il propose une nouvelle lecture de cette époque charnière.
Selon le chercheur, la Grande Guerre a connu deux épisodes. Celui de l’affrontement classique entre puissances à caractère impérialiste : la Russie slave et tsariste à la démographie galopante et au rôle croissant dans les Balkans, une Allemagne unifiée en plein boom démographique, technique et culturel, une France et une Angleterre coloniales soucieuses d’empêcher l’expansionnisme germanique.
Une autre période, davantage idéologique et propagandiste, où un but nouveau – la victoire totale – fait son apparition en dépit des propositions de négociations lancées par les dirigeants autrichiens puis allemands. Dans ce domaine, le rôle des républicains français et de la franc-maçonnerie (auquel l’auteur consacre un chapitre) est important. Soucieux d’achever la révolution en France, ils veulent également déchristianiser l’Europe et abattre ses grandes monarchies.
L’Allemagne militaire et hiérarchisé et – surtout – l’empire multi-ethnique et catholique d’Autriche-Hongrie figuraient comme des cibles à abattre. Ce dernier fut purement et simplement démembré pour faire place à de multiples Etats eux-mêmes emplis de minorités. Dans les décennies qui suivront, aucune puissance d’Europe centrale ne fera plus contrepoids à l’expansionnisme germanique et russe.
Spécialiste du vingtième siècle, l’auteur d’origine hongroise ne cherche pas à réécrire l’histoire. Il abonde ses propos d’une documentation abondante et parfois inédite, et met également en avant les documents qui pourraient contredire sa thèse. Il apporte en outre une touche de sensibilité bienvenue qui donne à ressentir ce que fut l’empire d’Autriche-Hongrie.
Requiem pour un empire défunt, de François Fejtö – rééd. Perrin (11 euros)