Une fois admis que ce monde est rempli d’idées folles, de dirigeants pervers et d’esprit creux, on sent la nécessité de l’humour, ou du moins de la fiction, en tout cas du talent pour supporter la chose ; disons qu’entre deux manifestations inutiles, trois lectures vaines et une résistance admirable mais épuisante, il est permis de se délasser. Frédéric Rouvillois, dont l’œuvre sérieuse témoigne qu’il résiste, nous livre un “petit” livre joyeux et féroce avec vingt-et-une nouvelles aimables ou effrayantes. Il s’agit à chaque fois de dépeindre notre futur. Quand il ressemble à notre présent, il est effrayant : l’auteur réussit à quintessencier l’époque et en tire une liqueur forte et amère. Quand le futur bifurque et s’écarte de la route qui paraît toute tracée, c’est drôle et réconfortant. Comme Rouvillois est un sage, il se peut que les avenirs funestes soient plus nombreux. Mais il les décrit avec tant d’enthousiasme ingénu, tant de progressiste conviction, qu’on rit quand même.

Frédéric Rouvillois, Le jour où l’État du Vatican remporta la coupe du monde de football. Éditions de Flore, 2021, 272 p., 10 €.