Jules César les a défaits et rabaissés, le XIXe siècle les a réinventés et caricaturés, le XXIe siècle ne les connaît plus : les Gaulois méritent mieux. Jean-Louis Brunaux est leur héraut. Fidèle à l’esprit de la collection « Vérités et légendes », il pose les questions simples qui sont les nôtres : étaient-ils tous moustachus, bagarreurs et ivres, leurs druides coupaient-ils frénétiquement le gui au cœur d’impénétrables forêts, et Alésia est-elle à Alise-Sainte-Reine ? En s’appuyant sur les dernières découvertes archéologiques, sur l’agronome Palladius et l’historien Poseidonios d’Apamée (et quelques autres), l’auteur nous fait découvrir le vrai visage des Gaulois, charrons hors pairs, à qui les Romains empruntèrent des modèles de char, et leur moissonneuse (oui ! bien avant les Gallo-romains), et même leur équipement militaire (le glaive, gladius, qui vient du gaulois cladio, le casque calotte, la cotte de mailles, les gallica…). Le gui ne poussait que rarement sur les chênes, les druides n’erraient pas dans les forêts, les Gauloises avaient un rôle politique (avec d’utiles idées : « en cas de défaite, ils jettent hors du territoire les têtes coupées des femmes qui ont déclaré la guerre » selon un auteur grec) ; les Gaulois excellaient dans le travail du bois et des métaux. Si l’on retrouve des épées pliées et même brisées, c’est qu’elles étaient détruites à la mort du guerrier et non pas, selon Polybe, parce que les Gaulois étaient mauvais forgerons (le capitaine de cavalerie Claude de Sigrais, en 1774, doutait de Polybe : les soldats savent reconnaître les mérites des soldats). Les Gaulois, sous la plume de Brunaux (qui a publié cette année un Vercingétorix), surgissent comme un rêve oublié. Et Alésia est bien à Alise-Sainte-Reine.

Jean-Louis Brunaux, Les Gaulois. Perrin, coll. « Vérités et légendes », 2018, 304 pages, 13 €.