Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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À tous ceux qui pensent qu’il est impossible de lire Racine à l’école, je réponds qu’il est en effet plus commode de lire la presse aux ordres, de préférence un journal gratuit, de pianoter sur son ordinateur minuscule ou d’enseigner la théorie du genre. Puisque la littérature ne sert plus à rien, on préfère faire des choses utiles et pratiques. Il s’agit de préparer les animaux libres à la vie réelle, comme on dit, afin de les rendre apte à survivre dans la jungle des sociétés modernes, évolutives, nous dit-on mais avant tout, dominées par l’argent, l’économie, les calculs et les manipulations. Lire Racine ne fait – semble-t-il aucun sens.
Les tragédies raciniennes sont pleines de passion, de violence et de férocité. Elles sont féroces comme sont féroces l’amour et la guerre, la vie et la mort. Dans Iphigénie (1674), l’oracle demande qu’on sacrifie la fille du roi Agamemnon pour que les Grecs puissent continuer leur expédition militaire contre Troie. Déchiré entre l’amour de sa fille et la volonté des dieux, le père prépare officiellement l’hymen de sa fille avec Achille mais en secret, c’est le sacrifice d’Iphigénie qu’il prépare.
Iphigénie est une femme pure et obéissante. Elle est prête à se sacrifier par l’amour de son père afin de respecter la volonté des dieux, et d’ouvrir ainsi aux Grecs la mer. C’est décidément une figure féminine aux antipodes des postions féministes. Dans le monde moderne gangrené par la réussite, la reconnaissance sociale et l’argent, un tel personnages féminin ne peut pas, ne doit pas exister. Quand la jeunesse ne comprend plus la pureté des sentiments, on doit comprendre qu’il n’y a plus de jeunesse.
Chez Racine, il est question de sang, de race, d’ordre divin et du commandement ; il est question d’honneur, de vengeance et de gloire. Le théâtre de Racine n’est pas un discours sur, ce n’est pas un traité théorique ; il ne donne pas de réponses. Il est un lieu de filiation et de sang. Dans son théâtre tout dysfonctionne. Les personnages sont dépassés par les événements et par ses propres passions. Personne ne contrôle rien. Ses pièces résistent à merveille aux tentatives de récupérations idéologiques des sbires de l’empire du bien qui prônent l’arrachement, le déracinement, la diversité, le métissage et substituent le féminisme, et les droits de l’homme à toutes les mystiques.
Sous prétexte que la jeunesse ne comprend plus Racine, il disparaît des programmes. En vérité, la littérature est quasi morte et l’école a rendu les armes. Elle a cessé d’enseigner pour diffuser à la place la propagande gauchiste ; la promotion de l’homosexualité, de la laïcité, du divorce, de la lutte contre le racisme, de la contraception, de l’égalité entre hommes et femmes, etc.
Racine appartenait é une société chrétienne encore intacte et entière. Ses œuvres sont incompréhensibles si on n’accepte pas l’idée que Dieu commande les destins des hommes. Comment lire Racine dans un monde sans Dieu, à la volatile culture cybernétique, cosmopolite, pétri de haine de soi et vouée à la déconstruction de l’autorité, de l’héritage du passé, de la connaissance, de l’Art ? Nul ne dit que c’est facile. Mais si l’école s’adapte au monde, elle devient inutile. Sa tâche n’est pas de nous abrutir mais de nous élever.