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Procès du procès

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Procès du procès

Un procès constant est instruit contre l’Église avec une opiniâtreté qui serait digne d’éloge si elle ne contribuait pas à ériger un monument d’ignorance cimentée par la mauvaise foi. Année après année, décennie après décennie, siècle après siècle, et surtout depuis le XVIe, la légende noire de l’Église s’augmente, avec le concours des chrétiens eux-mêmes, comme un palais monstrueux. On doit à la vérité, et c’est l’un des grands mérites du livre L’Église en procès que de le dire et de l’établir, que les reproches qu’on lui fait ne sont pas dénués de fondement. On peut difficilement considérer les croisades comme un pur acte de charité ou juger les abus sexuels couverts au mépris du salut des âmes comme de bénignes peccadilles. Mais on ne peut pas non plus se satisfaire d’un procès uniquement instruit à charge, qui ne voit jamais que le mauvais côté des choses – avec cette redoutable manie de chaque époque de projeter ses valeurs anachroniques sur le passé révolu – et qui, surtout, considère comme scientifiquement acquis, comme vérité irrévocable, de purs jugements. Jugements fondés sur des faits qui se révèlent faux, voire mensongers, sur des situations que la science, précisément, a depuis longtemps nuancées.

Il n’est donc pas inutile, même si cette nécessité est en soi irritante, que Jean Sévillia ait décidé d’instruire à son tour le procès du procès. Comme il est chrétien, il évite de pointer du doigt tel historien ou telle école de pensée et a préféré, fidèle à son exigence de vérité, convoquer des spécialistes qui font le point sur ce qu’on sait, c’est-à-dire sur l’état actuel de la recherche historique. On est loin de l’apologue mais le simple fait de ne pas accabler l’Église en bloc, du Christ à François, pour chaque infamie et chaque meurtre commis, est merveilleusement rafraîchissant. Il ressort de la lecture du livre une leçon stupéfiante et ironique, qui est d’ailleurs celle que tous les ennemis de l’Église ne manquent pas de rappeler pourvu qu’il ne s’agisse pas d’Elle : les hommes sont avides de pouvoir, et donc violents. La seconde leçon est que l’Église épouse toujours la société qu’elle entend diriger parce qu’elle est précisément constituée par des fidèles qui sont dans cette société, et non par des fanatiques qui voudraient s’en abstraire. Voilà deux leçons relativistes qui permettent de mettre en juste perspective toutes les violences qu’on lui reproche : bien fin celui qui saurait séparer très exactement le politique du religieux, et considérer, par exemple, que l’Église est absolument et seule responsable du massacre des Indiens d’Amérique du Sud, qui se massacraient bien avant que les Espagnols ne débarquent, mais absolument absente des sociétés sud-américaines depuis.

Il y a plus de prêtres qui ont pris fait et cause pour les autochtones que de serviteurs dociles des intérêts colonialistes. Il y a plus de savants chrétiens, au fur et à mesure que la science émerge, que d’obscurantistes niant le réel. Et il y a plus de gens qui instruisent le procès de l’Église pour cacher leurs propres turpitudes (des protestants pleurant sur les conquistadores pendant qu’ils massacraient aborigènes en Australie, Irlandais en Europe et indiens aux États-Unis aux communistes dénonçant l’Inquisition…) qu’il n’y a de chrétiens pour renoncer à être miséricordieux. Mais Jean Sévillia, lui, a renoncé, dans le procès qu’il instruit, aux généralisations abusives et aux trop faciles omissions. Les spécialistes traitent des croisades, de l’inquisition, des conquêtes, du colonialisme, de la place des femmes, des scandales sexuels, de l’antisémitisme avec un scrupule qui les honore, une volonté de donner accès aux meilleures sources, une mise en perspective constante de ce qu’on sait et de la manière dont les choses passées pouvaient être alors perçues. Certains textes pêchent même par excès de prudence et, si l’Amérique du Sud est magnifiquement traitée, le chapitre sur la science déçoit par une certaine pusillanimité. Il n’en reste pas moins que le livre permet, pour ceux qui veulent à nouveau se jeter joyeusement dans la controverse dans les dîners en ville, de fourbir leurs armes et de se garnir de munitions. « Vous me parlez de Las Casas, mais connaissez-vous frère Motolinia ? »

Par Philippe Mesnard
L’Église en procès, sous la direction de Jean Sévillia. Tallandier, 2019, 365 p., 21,50 €.

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