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Périclès l’Athénien

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Périclès l’Athénien

C’est un plaisir de vivre avec Périclès. Prenant l’identité, mieux la personnalité d’Anaxagore de Clazomènes, le philosophe de l’être et de l’esprit, du Nous qui est l’intelligence innommée, l’auteur, qui est anglais, Rex Warner, dresse un portrait de Périclès éblouissant et présente un tableau de l’Athènes et de la Grèce de son temps précis, vif, compréhensible et instructif. Le style en est aisé et rappelle le genre littéraire d’une Marguerite Yourcenar ou d’un Pierre Grimal ; la traduction par Geneviève Hurel est agréable. Par moment, on croirait lire une traduction de Thucydide par Jacqueline de Romilly. Tout ça pour dire le contentement à la lecture d’un tel ouvrage de tout esprit qui se plaît dans l’admiration de l’Athènes du Ve siècle et qui se pique d’hellénisme. Athènes était la plus humaine des cités ; nous dirions de nos jours la plus civilisée ; et Périclès était le plus athénien des Athéniens.

Issu de la plus illustre et la plus ancienne aristocratie comme la plupart des stratèges et des hommes politiques de son temps, il sut comprendre, à l’instar d’un Thémistocle, lui d’origine modeste, qu’Athènes, pour rayonner et s’imposer dans le monde, devait embrasser la cause de la liberté, mais pas une liberté démagogique ; non, celle de l’intelligence, celle qui caractérise l’humanité raisonnable, à l’encontre des rigidités et des absurdités sociales qui dominaient les sociétés de l’époque comme celles d’aujourd’hui. Stratège de haut vol, homme politique aussi adroit que vigoureux, orateur exceptionnel, ce qu’il fallait pour diriger ce peuple aussi versatile qu’intelligent, il éleva la puissance athénienne, après les victoires sur les Perses, à son plus haut sommet, la mettant au centre d’une alliance grecque d’une rare efficacité. Il se servit même des tributs pour embellir Athènes. Ami de Phidias, d’Eschyle et de Sophocle, et de tous les plus grands artistes de son temps, il transforma Athènes en une cité florissante, la plus belle de son époque où se dressait sur l’Acropole le Parthénon à la gloire de la déesse poliade à qui Athènes rendait hommage comme à sa maîtresse de sagesse et d’équilibre. C’était elle, la reine, la Raison humaine en majesté, fille de Zeus.

Démocrate, dit-on. Le mot est là, mais il s’agit du peuple athénien qui n’était guère démocrate pour les autres et qui obéissait à des chefs prestigieux dont l’ambition était de s’identifier à Athènes. Périclès mourut de la peste ; Athènes périclita ; sa démocratie aussi ; elle versa dans la démagogie selon les mécanismes décrits pas Aristote. Les sophistes l’emportèrent sur Socrate que le peuple condamna à mort.
La leçon doit être poussée jusqu’au bout.

Périclès l’Athénien, Rex Warner, Traduction de Geneviève Hurel, Les Belles Lettres, 280 p., 13,90 €.

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