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Patrick Modiano, boulevard des garçons tristes

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Patrick Modiano, boulevard des garçons tristes

Politique magazine avait réalisé, en 2012, un portrait de Patrick Modiano, l’auteur tout juste auréolé du prix Nobel de littérature.

Un Cahier de L’Herne vient de lui être consacré. Il est ainsi, avec Soljenitsyne, René Girard et Michel Déon, l’un des rares écrivains étudié de son vivant par la célèbre revue.

Cela a commencé par des chansons écrites pour Françoise Hardy, s’est révélé dans une œuvre romanesque et s’est enfoui dans des rêves de cinéma qui sont restés des mots. Mais quels mots, quand ce sont ceux d’un style. Le rêve, chez Modiano, n’est pas en dehors de la vie ; c’est une autre vie. Le rêve, pour l’écrivain de vingt-cinq romans en quarante ans, est cette part d’inconscient que met en musique la harpe littéraire ; de celles qui font entendre les harmoniques du réel et voir la phosphorescence des paillettes diurnes remontant à la surface d’un étang nocturne. Et ce rêve ne file pas comme un songe dissout : il est peuplé d’êtres et de heurts où se lit une quête. Presque toujours la même : comme traversant un passé qui donnerait ses couleurs au présent, le narrateur croise un père fugitif à l’ombre plus lourde que sa silhouette.

Il n’a que vingt-trois ans lorsqu’il publie son premier roman, La Place de l’étoile, et l’évidence s’impose : il fallait être un très jeune homme insolent pour oser ce pied de nez à la littérature installée. Mais, en même temps, on était en 1968 et la jeunesse avait le vent en poupe. L’éditeur pouvait penser sortir un produit mode. Cela fit plus de bruit encore : son retentissement explosa comme un cocktail Molotov un mois avant les barricades des enfants gâtés de la République. Et si la vraie contestation, cela avait été lui, ce jeune auteur mélancolique au regard d’acteur de la Nouvelle vague ? Le contre-pied vint de ce que ce fut le prix Nimier qui lui fut décerné et non l’un des trois « grands ». Mais cette « récompense secondaire », comme la qualifia l’inénarrable Kanters dans le Figaro littéraire, était un signe des temps : les Goncourt attendraient le succès et le quatrième roman pour saluer ce qu’il n’y avait plus à découvrir. L’Académie avait été plus prompte, qui s’était réveillée dès le deuxième en lui attribuant son Grand prix.

Un promeneur inquiet

Robert Kanters, dont L’Herne publie la recension de La Ronde de nuit, est un cas révélateur. C’est un Paris de l’Occupation vu par un gamin qui n’a pas l’âge de l’avoir vu, mais qui a le talent du romancier, que pinaille dans son article le vieux critique qui a vécu ces événements mais n’a rien vu et s’accroche à ses mythes et ses haines, si l’on s’en tient à son acharnement à faire interdire les représentations de La Reine de Césarée de Brasillach mise en scène par Marcelle Tassencourt, quelques années auparavant. Il s’agit donc bien que le pouvoir d’imagination du jeune artiste dynamitait les certitudes du vieil idéologue, lequel chicane encore à propos d’une injection de morphine que se fait une femme au cours d’une soirée plus ou moins guestapiste ; « anachronisme » coupable que M. Kanters, qui n’a sans doute pas lu Le Feu follet tant il déteste Drieu, attribue à « l’énorme publicité que la grande presse fait à la drogue pour le moment » et à l’absence de lecteur-correcteur chez Gallimard !

C’est tout l’intérêt de ces Cahiers, dont on regrettera l’aspect un peu « universitaire » pour un écrivain si libre et si peu étudiant, que de mettre à la portée du lecteur d’aujourd’hui des réactions d’hier, fussent-elles cruelles pour certains de leurs auteurs. Il est d’autres vertus à ces « sommes » : celles de cerner un peu mieux l’homme caché derrière l’œuvre. Entre témoignages, inédits et correspondances, quelques voiles se lèvent. Tel un Gilles de Drieu ou un Aurélien d’Aragon, le héros modianien, double incertain de l’écrivain, reste un promeneur inquiet que ses blessures apaisent : elles lui font traverser l’existence comme un paysage où le présent porte les cicatrices du passé. Est-il autre façon d’être autant romancier ?

Modiano, cahiers de l’Herne, 280 pages grand format, 39 euros

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