Editoriaux
Cierges et ministres
Il y a une semaine à peine, une grave question agitait le monde politique : qui allaient être les ministres délégués aux Personnes en situation de handicap et aux Anciens combattants ?
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Notre nouveau Garde des Sceaux avait été choisi par le président de la République pour ses qualités d’avocat pénaliste, défenseur des droits de la défense, champion de la présomption d’innocence et gardien plus que vigilant des libertés publiques. C’est dans cette direction qu’il annonçait la énième réforme de la Justice. Et le voici, présidant, place Vendôme, à la plus fantastique répression des libertés que la France ait connue dans toute son histoire.
Il y a peu de temps, le port d’un voile masquant le visage était une infraction. Aujourd’hui qui n’a pas de masque doit partir, payer l’amende, rentrer chez lui. La liberté de sourire, qui est toute première dans une société d’origine chrétienne pour qui le visage est la fenêtre de l’âme, est supprimée. Les sociétés qui n’aiment ni le corps, ni le visage, peuvent s’en accommoder. Pas nous !
Pourtant la contrainte s’exerce, sans protestation véritable, avec les interdictions de circuler, les entraves à la liberté du travail jusque dans l’atelier de l’artisan, la cuisine et la salle à manger de l’aubergiste, la salle de théâtre ou de cinéma, la liberté religieuse est entravée dans son exercice quotidien et ses manifestations liturgiques, processions, pèlerinages aux grands sanctuaires, y compris ceux qui sont lieux de guérison, comme Lourdes.
On dira : ce n’est pas une violence, puisque tout le monde s’y soumet, sans souligner que cette soumission est le fruit de la peur : peur de la contagion (un peu) et de la sanction pénale et administrative (beaucoup).
Or, quel est le fondement juridique de ces fantastiques restrictions des libertés ? La santé !
Mais qu’y a-t-il de plus privé que la santé ? Seuls mon médecin et moi pouvons en parler et c’est de lui, mon médecin, que je reçois des ordonnances auxquelles je suis libre d’obéir ou de désobéir !
Mais l’État qui est devenu entrepreneur, maître d’école, est aussi notre grand infirmier. Dès lors la ville et la campagne sont des annexes de ce gigantesque et débordant Hôpital Public ! La « santé publique », cet oxymore, est une nouvelle religion où s’épanouit, en toute impunité, la plus sourde et la plus dangereuse des tyrannies.
Illustration : Le Garde des Sceaux contemple avec circonspection les libertés publiques.