Les technologies numériques, en cinquante ans, ont littéralement bouleversé notre monde.
Tout s’échange tout de suite, les distances n’existent plus, la seconde dure une éternité, les algorithmes décident à notre place, nous produisons en permanence des cataractes de données qui sont collectées, digérées et réintroduites dans nos vies au hasard des publicités, des applications – et surtout des décisions prises, par les entreprises ou les politiques, qui ne jurent plus que par l’Intelligence Artificielle, mystérieux adjuvant qui rend n’importe quel feu rouge communicant et n’importe quel présidentiable lyrique.
Mais cette révolution numérique qui nous submerge s’accompagne de mille maux : la déconnexion impossible ou l’incapacité à maîtriser ces prétendus ”services” qui obligent leur utilisateur à se transformer en expert du clic, en portefeuille à mot de passe et en serviteur docile des notifications qui pleuvent – ou, faute d’ordinateur et de maîtrise, le condamnent à quémander qu’un opérateur inexistant veuille bien décrocher un téléphone, si le numéro existe encore.
Pourtant, rien n’arrête les promoteurs du numérique : ni sa facture énergétique, ni son impact environnemental, ni la fracture sociale qu’il provoque. Au contraire, voici venu le temps du métavers, vaste monde virtuel ouvert en permanence où tout sera connecté à tout et où nous pourrons, enfin, nous passer d’exister dans le monde réel puisque tout se passera dans les espaces infinis générés par les ordinateurs. Avant d’en frémir, apprenons à connaître ce qui d’ici cinq ou dix ans sera devenu, pour une partie de l’humanité, un mode normal d’existence.