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Monaco politique

Voilà une histoire instructive. L’intérêt tient à son caractère fondamentalement politique. Même le « people » est analysé sous cet angle. Les Grimaldi se sont, après tout, parfaitement débrouillés.

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Monaco politique

La dynastie des Princes héréditaires a continué par une politique habile et ferme, tout le long du XIXe et XXe siècle, à se constituer son statut singulier qui lui garantit une formule d’indépendance propre malgré les traités de subordination avec sa puissante voisine, la France. De Charles III et d’Albert Ier jusqu’à Albert II en passant par Louis et surtout Rainier III.

Le Rocher n’a cessé de se construire dans tous les sens du terme, gagnant son espace, s’il le faut, sur la mer avec des travaux titanesques, installant la principauté dans le haut de gamme, constituant sociétés sur sociétés, depuis les Bains de mer avec la famille Blanc, jusqu’aux clubs automobiles, de tennis et de golf, se dotant des plus prestigieux bâtiments à côte du palais, opéra avec Charles Garnier, salles de jeu, grands hôtels, etc.

Monaco s’est acquise une renommée internationale : grandes familles, Américains de renom y ayant installé leurs relais et disposé leurs yachts dans le port. Grands prix automobiles, grands prix littéraires ont ajouté au prestige de la principauté. Monaco a trouvé sa stabilité par sa constitution de 1911 et ses différentes conventions avec la France. Ses princes, en particulier Albert Ier, prince savant qui s’est illustré dans l’océanographie et la paléontologie, n’ont jamais manqué de défendre leur particularité face au monde, attirant les Ballets russes de Diaghilev, Raoul Gainsbourg et René Blum, et quantité d’autres artistes.

Télévision et radio de la principauté, sous le nom de Monte-Carlo, ont installé leur siège à Monaco. Bref, rien ne manque, jusqu’à l’indépendance chèrement revendiquée, en particulier par l’affirmation décisive d’une foi catholique publique avec évêché, proclamations solennelles et manifestations traditionnelles aux fêtes populaires des saints locaux.

Rainier, le mari de Grace, s’est littéralement battu pour sa principauté en osant affronter avec justesse et détermination la France du général De Gaulle. Avec raison, renvoyant le malappris de représentant français qui, sous prétexte de statut politique dominant de ministre d’État, prétendait faire la leçon au Prince héréditaire qui se voulait chez lui. La crise alla jusqu’au « blocus de Monaco » ! Certes le mariage avec Grace Kelly donnait aux États-Unis une sorte d’avantage culturel. Face au rouleau compresseur de la fiscalité et de la législation françaises, Monaco tentait de se défendre. Finalement des accommodements furent trouvés et Albert II a su emprunter une voie moyenne.

 

Pierre Fabry, Histoire de Monaco. Passés composés, 2025, 416 p., 25 €

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