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Miséricorde

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Miséricorde

C’est un roman ; il se lit comme un témoignage. C’est ce que veut l’auteur, notre ami Jean Raspail. Il a tenu à éditer à part cette œuvre que nous avions déjà lue, mais dans une publication qui rassemblait d’autres œuvres. C’est donc, en tant que tel, une sorte d’inédit. Voilà du Raspail, et du meilleur, et qui est pourtant moins connu. Qui ne connaît, en effet, l’auteur du Camp des Saints, de Sire, des Sept cavaliers, dont l’imagination méthodique dresse le tableau vivant de nos décrépitudes et, au-delà, essaye de tracer dans la nuit du symbole et dans la brume de l’analogie, pour ceux qui comprennent encore les paraboles, des chemins de renaissance. Son style qui a la justesse du sentiment, en est poignant, avec l’élégance aristocratique de celui qui voit et qui sait qu’il voit, mais qui plutôt que d’en faire un cours fastidieux, vous montre ce qu’il faut comprendre et donc anticiper. Derrière le ton tragique de Raspail, il y a ainsi bien de l’ironie qu’il a l’art de dissimuler. Cette ironie est un jugement sur le siècle et ses absurdités qui l’engloutissent. Mais cette ironie porte également une morale et cette morale une espérance : il y a une issue à la tragédie. Où ? Comment ? Et voilà la porte ouverte à la religion, la vraie, et même à la mystique. Qui l’eût dit, que c’était le fond de l’âme de Raspail ? C’est ce que révèle ce roman, justement intitulé La Miséricorde. Étonnant, passionnant, simple autant que sublime. Jamais le mot miséricorde n’a été tant employé que de nos jours, on ne le sait que trop, et pour justifier le grand n’importe quoi de la modernité. Ici la miséricorde se lit dans les vertus de foi et d’espérance. C’est donc de la vraie charité. Ces vertus triomphent dans une histoire qui peut être vraie, tant elle est vraisemblable, et qui nous plonge au cœur de l’Église, et dans le cœur des ecclésiastiques, avec toujours ce sourire que permet la distance d’un personnage qui se trouve mêlé à cette affaire comme témoin extérieur, Français typique qui ne sait plus où il en est de ses amours et de ses péchés. Le voici au pied du prêtre qui a commis le pire des crimes et qui est, par expérience, le meilleur des ministres de la miséricorde. Lisez, c’est du Raspail. Et l’histoire n’a pas de fin… et c’est très bien ainsi. Les pointillés en disent suffisamment. Jean Raspail est un grand monsieur. C’est aussi un grand cœur.

Par HC
La miséricorde, Jean Raspail, Équateurs, 174 p, 18 €

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