Voilà qu’il empoigne le lecteur et lui fait courir Paris, toute la nuit, sous la pluie, qui s’arrêtera. Il contemple les statues de bronze, il rentre dans les églises, il danse dans une soirée et, tout au long de cette fuite où il cherche à ne pas se trouver, les souvenirs l’assaillent : les beautés qu’il a contemplées, qu’il s’agisse de jeunes femmes, de statues grecques, de vers de Pontus de Tyard ou de Fagus, mais aussi ses lectures et ce qu’on lui a enseigné. Suis-je digne, se demande le narrateur ? Il ne lui suffit pas d’être triste pour se sentir vivre, il veut que sa vie ait un sens et cet amour enfui lui révèle une béance qu’il veut désormais combler. Paris s’efface, nous sommes désormais dans une Ville symbolique et Louis Lecomte, à la fois Dante et Virgile, nous révèle son âme, sa culture et sa foi ; jusqu’au moment où, apaisé par celle-ci, l’auteur-narrateur arrive à ce point d’équilibre dynamique où la juste perspective du Ciel remet tout à sa place et en mouvement. Une écriture lyrique, une pérégrination pleine de références qui s’entrechoquent : Palpitations d’une âme urbaine a tout des charmes d’une première œuvre où l’auteur veut à la fois tout dire et maîtriser le torrent.

 Louis Lecomte, Palpitations d’une âme urbaine. Ed. Première Partie, 2022, 134 p., 15 €.