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Mérimée, fonctionnaire exemplaire

Dans un court prologue, J.-P. Charbonneau nous dit que Prosper Mérimée était « un roc pour ses amis, une teigne pour ses ennemis, une manne pour l’historien » : comment ne pas, ensuite, parcourir avidement les pages à la recherche des épisodes teigneux ?

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Mérimée, fonctionnaire exemplaire

Ils ne surviennent pas tout de suite mais on tombe rapidement sur des formules comme « Le romantisme est un peu comme la laïcité aujourd’hui : tout le monde s’en revendique mais personne ne s’entend sur son contenu » qui donne à cette biographie le ton des bons romans où l’auteur glisse ses aphorismes en même temps qu’il construit ses personnages. Mais Mérimée est bien conforme à ce que l’auteur nous laissait espérer : sa lettre du 26 mai 1832 sur l’épidémie de choléra réussit à détruire dans notre esprit les grands pontes médicaux aussi sûrement qu’une page des Morticoles. J.-P. Charbonneau nous raconte sa carrière, sans exagérer les mérites intellectuels de son sujet mais bien plutôt en soulignant comment il rentra en parfaite résonance avec l’époque, dont il expose les mouvements, les humeurs, les mythes : « [Mérimée] n’avait pas à préserver un patrimoine pour le “transmettre aux générations futures”, mais à le forger pour fournir un passé à la génération présente. Cette exigence était créée par le climat ambiant, favorable à une réhabilitation, toute romantique, du patrimoine ». Il arpentera le pays vingt-six ans durant, avec un plaisir si vif que cela en efface presque son mérite : « la fonction convient fort à mes goûts, à ma paresse et à mes idées de voyage », écrira-t-il à un ami. Toute cette biographie vivante, amusée, renseignée, libre et précise, nous emmène aussi au cœur de la personnalité de Mérimée et des détours de sa carrière, qui le virent arriver au faîte des honneurs. Surtout, elle nous promène dans le XIXe siècle à la suite du meilleur touriste qui soit, des bâtiments provinciaux en ruines jusqu’au parisien pouvoir vermoulu.

 

Jean-Paul Charbonneau, Mérimée ou le faux cynique. Via Romana, 2024, 248 p., 23 €

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