Monde
« Nos dirigeants actuels invoquent souvent la révolution »
Un entretien avec Ludovic Greiling. Propos recueillis par courriel par Philippe Mesnard
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Le 9 décembre 2017 : Johnny
Le 9 décembre 1905 est votée la loi de séparation de l’Église et de l’État. Le principe de laïcité est au fondement du système éducatif français depuis la fin du XIXe siècle. Pour rappel, à partir de 1902, 3 000 écoles de congrégations autorisées sont fermées sur le territoire national par ordre d’Émile Combes et le mouvement s’accélère en 1903, avec notamment l’expulsion, accompagnée de violences, des moines de la Grande Chartreuse. En 1906, aux moment des « Inventaires », de vifs heurts se produisent entre les forces de l’ordre et les fidèles : les catholiques sont bousculés, persécutés, jetés en prison ; il y a des tués !
En 2015, il avait été annoncé que la journée du 9 décembre devait être célébrée dans tous les établissements scolaires, afin de rappeler le principe fondateur de notre École et de notre République.
Plus de 600 000 mille personnes, dont trois générations issues du prolétariat, du milieu rural, de la classe moyenne et bourgeoise, enfin du peuple français, s’étaient rendus de la Place de l’Étoile jusqu’à la Place de la Concorde, puis occupaient les trottoirs de la rue Royale qui mène à la Place de la Madeleine.
Les Gardes Républicains précédaient le cortège, suivis par près de 700 « bikers » (terme d’argot français, signifiant « motard, motocycliste »), cavaliers motorisés, vêtus de leurs armures de cuir, chevauchant leurs Harley Davidson. Devant un cercueil de couleur blanche, pas un mouvement de foule, un immense respect et le grand silence sacré ! A l’arrivée, devant l’église de la Madeleine, la famille du défunt au complet, ses quatre enfants dont deux furent adoptés avec tendresse, et tous ses amis sont présents. Le président de la République, dans un discours ému mais sobre, a rendu hommage à celui qui nous a quittés.
S’est ensuivi le message d’accueil du Vicaire général du diocèse de Paris : « Entre dans cette église, Johnny ! » Entre en cette Église qui t’accueille, toi, qui menas ta vie de chanteur romantique, tour à tour révolté puis aimant, et arborant, malgré ta vie pleine de gloire et de vicissitudes, la sainte Croix du Christ. Cette Croix que porte ton épouse ainsi que de nombreux participants. Et même la compagne de Muriel Robin : qu’elle en soit remerciée ! L’épitre de saint Paul, fut lue par Marion Cotillard, actrice qui a cumulé un Golden Globe, le BAFTA, le César et un Oscar. S’ensuivent les intentions de prière d’une icône du cinéma français, Carole Bouquet, qui, de litanie en litanie, nous rappelle qu’il faut prier ! La comédienne Sandrine Kiberlain récita la prière de sainte Mère Teresa ! Quant à l’homélie de Mgr Benoist de Sinety, d’une force religieuse inégalée et d’une superbe apologétique, elle s’acheva sur la merveilleuse supplique : Que Je t’Aime ! Que Je t’Aime ! Que Je t’Aime !
Cette cérémonie, magnifiquement ecclésiale, se déroulait devant trois présidents de la République, au premier rang, silencieux et apparemment recueillis, accompagnés de leur dame dans la même attitude.
Au moment de la bénédiction, la Première Dame de France aspergea le cercueil en tradition christique ; le Président ne la suivit pas, bien que – l’hésitation de son geste le trahissait – il en ait eu certainement l’envie : oui, en Avoir l’envie !
C’était toute la France qui se réunissait pour rendre hommage à ce que la presse a appelé « son idole » – autre mot religieux ! idole qui s’est couché devant le Christ ! – avec plus de 14 millions de téléspectateurs. Si certains esprits chagrins ont souligné l’absence des enfants de banlieue, ils ont eu tort. Nos concitoyens, issus de la Méditerranée, étaient aussi présents, mais sans ostentation, ni désir de communautarisme, si ce n’est que l’honneur d’être français de culture.
Ce jour, notre pays et bien d’autres ont communié avec l’ « Elvis » de France.
C’est à Saint-Barth qu’il a été inhumé en chrétien, avec les hommages de ses amis de l’Île.
Celui qui n’a pas voulu souhaiter aux catholiques une bonne Pâques en 2014,
qui s’est retranché dans l’agnosticisme radical,
qui a encouragé le « Mariage pour tous » en ignorant les appels des familles chrétiennes,
qui a confié à des journalistes que l’émancipation viendrait de la fin des religions,
qui, lors de l’égorgement qu’ont subi les Coptes en Lybie, n’a pas su déclarer qu’ils avaient été massacrés en tant que Chrétiens,
celui qui a ignoré l’existence d’une civilisation chrétienne, et qui n’a osé s’en souvenir que lors de l’assassinat du père Jacques Hamel,
celui qui après, avoir profité toute son enfance de la meilleure des éducations chrétiennes, comme tant d’autres de ses compères, n’a cessé de la mépriser quand les honneurs sont venus,
enfin celui qui après avoir institué le 9 décembre comme date anniversaire de la « journée de la Laïcité », a oublié de la célébrer. Et pour cause ! Il assistait dans l’église la Madeleine à l’office très chrétien dédié aux funérailles de Jean-Philippe Smet. On le nomme François Hollande : à certains dires, il fut président de la République !