Cette réédition des Mémoires de Ponce Pilate chez Plon est bienvenue.
Anne Bernet a développé dans cette « autobiographie » reconstituée de l’ancien et fameux procurateur de Judée, tout son talent d’historienne et de femme de lettres parfaitement accomplie. C’est un art singulier, à partir de toutes les sources historiques de l’époque, d’imaginer, mais de façon réaliste, l’histoire d’un Pilate, citoyen romain, poursuivant son cursus aux ordres des Césars, de Tibère jusqu’à Néron, dont le destin fut de rencontrer le Christ, de le juger, de le déclarer innocent au nom de Rome, mais de donner pourtant son exequatur à sa condamnation à mort et à la mort de la croix. Tout y est, sa femme, bien sûr, dont l’Évangile nous raconte les songes et les appréhensions, ses enfants au sort tragique, ses amis, son entourage, sa vie en Gaule, ses commandements en Germanie, son poste si important en Judée, toute la passion du Seigneur qui se déroule sous ses yeux et sous son autorité, l’Évangile qui s’infiltre dans le récit avant et après l’événement, puis tout ce qui s’ensuit jusqu’à Pierre et Paul, la conversion de son entourage et finalement sa propre conversion qui s’achève en quelque sorte dans les jardins enflammés du Vatican où les chrétiens, même des enfants, servent de torches vivantes pour les amusements de Néron. Une lecture riche, poignante, puissante autant qu’agréable.
Anne Bernet, Mémoires de Ponce Pilate. Plon ; 435 p. ; 8,50€