Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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L’on connaît bien Mermoz, Saint-Exupéry et les autres héros de la ligne France-Amérique du Sud ouverte par la compagnie Aéropostale. On connait beaucoup moins ceux qui ont défriché des lignes vers l’Est, traversé les Alpes pour la première fois à une époque où les avions ne montaient pas à plus de 5 000 mètres, rejoint Moscou en pionniers, puis atteint la Syrie, l’Inde et l’Indochine.
Auparavant, ces hommes passionnés – les pilotes et leurs mécaniciens en vol – ont souvent connu les débuts de l’aviation dans la décennie 1900 puis la première guerre aérienne en 14-18.
Entre janvier 1908, date du premier vol complet (de 1 kilomètre) entrepris par Henri Farman et les années 30, avec les lignes commerciales régulières qui se multiplient, les progrès aériens sont stupéfiants. L’aventure se fait au prix de nombreux morts et de péripéties exceptionnelles.
Elle se développe aussi grâce à la volonté des puissances, conscientes de ce que la conquête des airs peut leur apporter, y compris en temps de paix. Pendant que Paris apportera des subventions aux meilleures compagnies aériennes françaises et favorisera leur fusion dans Air France, Londres financera les débuts de l’Imperial Airways et Berlin aidera la Lufthansa à se développer.
Dans cette grande aventure, Maurice Noguès fait figure d’exception. Le spécialiste Bernard Marck en a vu d’autres. Ce journaliste membre de l’Académie de l’Air et de l’Espace écrit pourtant : « Au fil de mes recherches, j’ai suivi, une à une, les étapes de la construction de cette gigantesque cathédrale de progrès que représentait la conquête de l’air. Puis je l’ai rencontré, lui, l’aviateur à la froide passion, engagé corps et âme dans cet élan universel, dans ce vaste mouvement, un homme qui, à lui seul, résume tous les autres sans rien leur enlever de leur mérite : Maurice Noguès ».
Après avoir traversé le monde dans les situations les plus hostiles, l’homme décédera dans l’écrasement de l’avion qui devait le transporter au Bourget, pour une grande cérémonie censée faire honneur au retour du gouverneur de l’Indochine également à bord. Le crash eut lieu au-dessus du Morvan, de nuit, par une redoutable tempête de neige. Maurice Noguès laissait en ce monde une femme et une fille, bretonnes comme lui. C’était en 1934.
Deux ans plus tard, Mermoz, qui avait porté en personne le cercueil de Maurice Noguès lors de son dernier voyage, mourra lui aussi en avion. Les pionniers laissaient la place à l’industrie. Une nouvelle ère s’ouvrait, celle du transport en masse de passagers.
Maurice Noguès, le rêve d’Orient, par Bernard Marck (éd. Picollec – 650 pages, 24,50 euros)