À l’heure où certains intellectuels débattent encore de l’intérêt d’aller dans l’espace, plusieurs livres nous rappellent que cette dimension fait déjà partie de notre réalité.
C’est le cas de la petite enquête didactique que le journaliste italien Frediano Finucci a consacrée à la guerre des satellites et qui vient d’être traduite aux éditions de L’Artilleur. Observations et anticipations météorologiques, télécommunications dans des zones reculées, géolocalisation des transports, mais aussi identification des matériaux à la surface du globe par l’analyse des ondes lumineuses… L’apport des satellites n’est plus à démontrer, et un nombre croissant d’États, d’entreprises et même d’ONG, se lancent dans le domaine.
Depuis le lancement du Spoutnik russe en 1957, au moins 12 000 engins auraient été placés en orbite terrestre, parmi lesquels 5000 environ seraient aujourd’hui opérationnels. Les chiffres ne sont pas parfaitement connus, en raison notamment du secret qui entoure les opérations militaires ; c’est là que réside le principal intérêt du livre, qui contient de nombreuses anecdotes grâce aux contacts de l’auteur dans le secteur de la défense. Au cours de la lecture, on apprend ainsi que le système de localisation russe Glonass est soudainement tombé en panne deux semaines après l’annexion de la Crimée par référendum, que près de 500 satellites ont été mis à disposition des forces armées ukrainiennes par l’Otan, ou encore qu’il existe des systèmes terrestres visant à chauffer l’ionosphère dans le but de brouiller les signaux satellitaires.
Comme tous les espaces récemment conquis, le cosmos proche est une zone libre aux repères flous, où il n’est pas toujours facile d’identifier quel satellite appartient à quel acteur, d’autant qu’un nombre croissant d’infrastructures commerciales abritent des instruments à double usage, civil et militaire. Si le livre, très otano-centré, ignore l’apport essentiel de la France à l’Europe spatiale, il est une porte d’entrée efficace pour comprendre l’importance de l’orbite terrestre. « Le perfectionnement du glaive et du bouclier prend une nouvelle dimension », résume le général Philippe Adam, commandant de l’espace au sein de l’armée de l’Air, qui a accepté de préfacer ce livre.
Frediano Finucci, La guerre des satellites, L’Artilleur, 2025, 17, 90 €
