Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Introduisant cette nouvelle évocation du « fait méditerranéen », Jean-Paul Gourévitch prend soin de préciser qu’il ne s’agissait pas pour lui de refaire une synthèse historique à la manière des grands ouvrages de Fernand Braudel. Son objectif est de revisiter les principales manières dont, au fil du temps, la Méditerranée a été pensée, ou « rêvée », consciemment ou non, par ceux qui y jouèrent un rôle historique. Ainsi se rapproche-t-il plutôt de l’optique d’un Benoist-Méchin qui, à travers quelques grandes biographies historiques, a fait revivre « le rêve le plus long de l’histoire», celui de réunir l’Orient et l’Occident méditerranéens. Le mérite propre et tout l’intérêt du travail de Gourévitch est d’effectuer, en 360 pages, un panorama très éclairant des principaux moments historiques qui eurent pour support géographique et culturel l’espace méditerranéen. Partant d’Homère – Ulysse est qualifié, à juste titre, de premier héros méditerranéen –, l’ouvrage nous entraîne successivement dans l’empire romain, la « thalassocratie byzantine », la conquête arabo-musulmane, les croisades, l’imperium vénitien, l’empire ottoman, enfin la colonisation et la décolonisation. On regrettera seulement que les missions chrétiennes des deux premiers siècles, si fécondes historiquement, soient éludées – saint Paul, homo mediterraneus s’il en est, n’est pas même cité. En revanche, tous les derniers chapitres du livre, consacrés au monde contemporain, surprendront par la diversité des perspectives qu’ils ouvrent, de la grande vogue touristique, « héliotropique » dit Gourévitch, à la vague de fond migratoire et à l’explosion islamiste. Sur ces derniers points, l’auteur des Migrations pour les nuls (éd. First, 2014), fort de ses analyses irréfutées, prend du recul et de la hauteur, et donne à ses perspectives historiques une signification tout à fait actuelle. Non sans conclure par une manière de chant de guerre qui entend laisser le dernier mot à une Mare nostrum plus forte que les gloires éphémères et les désastres humains.