Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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La puissance de l’Église, la figure du Pape, les vicissitudes de l’institution catholique, tout concourt à faire du Vatican, qui a la culture du silence, le symbole même du pouvoir mystérieux. Christophe Dickès, qui a dirigé l’excellent Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège (coll. « Bouquins », 2013), revient avec science et talent sur les questions les plus controversées et les calembredaines les mieux établies, en répondant à vingt-trois questions lancinantes : la curie est-elle un panier de crabes ? – il semble que oui ! Jean-Paul 1er a-t-il été assassiné ? – il semble que non ! Le KGB voulait-il assassiner Jean-Paul II ? – c’est probable. L’auteur n’hésite jamais à adopter le ton le plus uniforme possible pour contrebalancer le sensationnalisme de mise quand on parle du Vatican. Archives secrètes ? « Les quatre-vingt-cinq kilomètres d’archives du Vatican sont ouverts à tout diplôme de niveau master du lundi au samedi, du 1er octobre au 30 juin. » Pof ! Richesse incommensurable ? « Annuellement, les recettes et les dépenses du Saint-Siège n’excèdent le demi-milliard d’euros, soit la valeur de l’investissement de la région Auvergne pour les années 2015-2020. » Re-pof ! Les ombres formidables se dissipent et révèlent une PME. Tant pis pour le pittoresque. De question en question ! et surtout à partir du chapitre consacré à Pie XI et Mussolini, Christophe Dickès dresse en fait les portraits de la papauté contemporaine, de Pie IX à François, et décrit le malentendu tenace entre l’Église et la Société, en tout cas les médias. Avec calme et pédagogie, il revient sur les affabulations les plus dangereuses, qui consistent moins à prétendre que le Vatican est riche qu’à affirmer qu’il s’est corrompu avec les pires. Le dernier chapitre, « Le Pape peut-il être en rupture avec ses prédécesseurs ? » est un modèle de perspective cavalière qui, tout à la fois, replace François dans la lignée des hôtes du trône de Pierre en en soulignant la très grande diversité, et amène à considérer avec plus de pondération les multiples et prétendues ruptures que le storytelling franciscain nous engage à contempler avec une révérente stupéfaction – dans le droit fil du constant renforcement charismatique de l’autorité institutionnelle. Et à cette question cruciale, l’auteur répond avec nuance : François joue à merveille de la personnalisation du pouvoir, mais le vicaire du Christ ne peut créer de rupture dans l’enseignement du Christ.