Les souvenirs d’enfance s’invitent souvent à l’âge adulte. S’appuyant sur les Mémoires de Joseph Magloire, son grand-père, Catherine Saulieu nous fait partager l’histoire de son aïeul qui naquit en 1895 au moment où les Frères Lumière déposaient le brevet de leur cinématographe. Son récit nous fait parcourir tout un siècle, témoin sociologique, historique de toute une époque où les valeurs et les traditions avaient un sens chez les Magloire. La famille fortunée, ruinée à la fin du XIXe siècle s’expatrie en 1890 en Algérie où les perspectives semblaient prometteuses. Une nouvelle vie au début chimérique va s’épanouir dans la langueur exotique d’Alger. Joseph, devenu professeur, restera toujours fidèle à ses idéaux et à sa foi. Il aura vécu avec passion tous les évènements politiques tant en France qu’en Algérie, et tout sera consigné dans ses Souvenirs : sa vie, son inadaptation aux mœurs et aux idées nouvelles, tout ce qui s’achève de s’effondrer, tout ce en quoi il a cru et qui s’est effrité. Les années 60 ouvre une autre ère et Joseph « arpente un territoire de plus en plus réduit, une contrée broussailleuse, privée d’eau et d’herbe tendre, comme un chef indien relégué dans une réserve par des Américains qui se seraient approprié toute la terre ». Le jardin d’Orléans, c’est le jardin merveilleux de la mémoire qui redécouvre les racines et dessine l’avenir.

Le jardin d’Orléans, Catherine Saulieu, Éditions de Fallois, 338 p, 22 €.