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L’inspiration divine

Louis XIV avait bon goût, en tout, et donc en peinture. Au fur et à mesure des aménagements successifs de Versailles, quelques tableaux constituèrent sa “garde rapprochée” : ceux qu’il fit accrocher dans sa chambre, à l’attique, c’est-à-dire en haut des murs. Comme la chambre du Roi est en cours de restauration, Béatrice Sarrazin, conservateur général du Patrimoine, a eu l’excellente idée de donner à voir les tableaux en les redescendant à hauteur d’œil dans l’appartement de madame de Maintenon.

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L’inspiration divine

« On a placé dans differens endroits de ce magnifique sallon plusieurs tableaux, dont il y en a six du Valentin ; sçavoir : les quatre évangelistes qui ont chacun trois pieds et demi de haut, sur quatre pieds sept pouces de large, les Pharisiens qui montrent à Jésus-Christ la pièce d’argent qu’on donnoit pour le tribut. » (Nouvelle description des châteaux et parcs de Versailles et de Marly, par Piganiol de La Force, en 1701). Pour comprendre pourquoi Louis XIV décide de garder autour de lui cinq toiles de Valentin de Boulogne (Les quatre évangélistes, Le denier de César) et Le Mariage mystique de sainte Catherine, d’Alessandro Turchi, l’exposition commence par nous expliquer l’histoire des lieux, passe rapidement sur l’histoire des collections, s’arrête sur les trois toiles que Louis XIV avait choisies en 1684 pour le salon « où le roi s’habille » et exilées en 1701, quand le salon devint sa chambre. La Diseuse de bonne aventure (1626), de Valentin de Boulogne, et la Réunion de buveurs, de Nicolas Tournier, sont deux purs morceaux caravagesques : des gens du peuple, occupés à ne rien faire dans une pièce quelconque, envahissent tout l’espace du tableau comme si le spectateur fermait leur cercle quand bien même ils sont inconscients de sa présence. Un certain air d’ennui est sur tous les visages, comme si ces oisifs et ces vauriens étaient au bord de l’écœurement et que leurs plaisirs avaient un goût de cendre.

Le tableau contemplé par Louis XIV en s’endormant

Enfin, on arrive aux tableaux ultimement conservés. Valentin de Boulogne triomphe avec ses cinq toiles : seul Poussin le surpassait dans l’esprit de ses contemporains, et lui aussi accomplit presque toute sa carrière en Italie, où il mourut en 1632, s’abreuvant à la source caravagesque tout en y mettant plus de mélancolie (il fut aussi l’élève de Simon Vouet). Alors que les scènes de genre permettent de multiplier les poses, les quatre évangélistes évacuent l’anecdote pour ne traiter, dans une mise en perspective saisissante, que de l’inspiration divine et du vieillissement de l’homme : saint Jean, saint Luc, saint Marc et saint Mathieu vont du jeune homme au vieillard. Mais il ne s’agit pas juste d’une habile mise en scène des quatre personnages, d’un effet narratif heureux mais convenu. Car, entre le saint Jean à la poitrine découverte, au visage charnu levé, tout éclairé par la lumière divine dont l’inspiration vient comme suspendre l’instant, et le vieux saint Matthieu bien couvert d’épaisses étoffes, à la tête blanchie et émaciée qui tombe, l’espace d’une vie a éteint l’ardeur et laissé le saint abîmé en lui-même, au point que le petit ange qui l’accompagne lève vers le ciel un regard inquiet qui semble implorer la délivrance (j’inverse Marc et Matthieu par rapport aux commentaires habituels). Ces quatre saints sont une seule allégorie du temps qui passe, émousse nos forces et nous révèle à nous-mêmes. On peut admirer les clairs-obscurs délicats, les couleurs (magnifiquement restaurées), les effets de draperies, le rendu des matières, les plumes de l’angelot (on croirait un cygne), le jeu des mains, des livres et des manuscrits, tout ce qui démontre le métier du peintre et la manière dont il a conçu sa série. Mais on ne peut qu’être saisi par le regard de saint Marc. Alors que Luc, dans la puissance d’une jeune maturité, est tout entier absorbé par son labeur, Marc reprend presque l’attitude de Jean mais avec un abandon qui prouve qu’il sait sa misère. Lui aussi lève une tête, dégarnie, vers la lumière divine mais il a abandonné la plume ; il ouvre les mains, dans une extase sérieuse ; et dans son regard noir et triste on sent sa prière : Seigneur, je t’offre cet instrument imparfait. De 1701 à 1715, c’est ce visage que contempla Louis XIV en s’endormant.

 

Chefs−d’œuvre de la chambre du Roi. L’écho du Caravage à Versailles. Château de Versailles, jusqu’au 16 juillet 2023.

Illustration : Valentin de Boulogne (1591-1632), vers 1624-1626, huiles sur toile, château de Versailles., Saint Matthieu, Saint Luc, Saint Jean. © château de Versailles, Dist. RMN © C. Fouin

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