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Les mystères de la nature féminine

La femme a toujours été une énigme pour les hommes, mais la femme qui écrit est devenue aujourd’hui un mystère impénétrable.

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Les mystères de la nature féminine

En effet, pourquoi diable la femme qui écrit veut-elle être appelée autrice, ce qui est affreux, ou encore écrivaine, ce qui n’est pas très joli ? Sans parler d’autoresse, qui a séduit les anglomanes autrefois avant de disparaître, il y a un choix énorme de termes qui ne posent aucun problème, et n’en ont jamais posé. Une femme qui écrit des poèmes est une poétesse, et cela peut aussi bien servir pour désigner Sapho, Louise Labé ou Marceline Desbordes-Valmore. Une femme qui publie des romans est une romancière, personne n’en a jamais douté. Madeleine de Scudéry, madame de La Fayette, George Sand, Colette, et tant d’autres en sont la preuve indiscutable. Aucun problème pour qu’une femme soit nouvelliste, conteuse, scénariste, narratrice, pas plus pour qu’elle soit traductrice dans n’importe quelle langue. Quel imbécile a jamais contesté qu’une femme pouvait être historienne, chroniqueuse, érudite, éditrice ? La plus remarquable épistolière, Mme de Sévigné, connaît de nombreuse consœurs dans le genre, qui apparaît singulièrement bien servi par ces dames, de même que le journal, qui a donné de grandes diaristes. Nous avons de fort bonnes dramaturges, nous connaissons d’excellentes critiques littéraires, d’art pictural ou de musique, aujourd’hui de cinéma et de télévision. Évidemment, les femmes journalistes sont légion, d’excellentes essayistes publient dans toutes les matières, sur tous les sujets. On connaît des chansonnières, des moralistes, et même de remarquables mystiques, dont les écrits sont éblouissants. Combien de femmes pratiquent les sciences et publient des ouvrages scientifiques ! Personne ne leur conteste le titre de physiciennes, mathématiciennes, chimistes, biologistes, chercheuses, spécialistes, ou encore de vulgarisatrices, quand elles sont aussi bonnes pédagogues. Il y a même des femmes qui écrivent des discours, et si quelques-unes ne sont que des pipelettes, celles qui ont un vrai talent sont des oratrices incontestées. J’ai peut-être oublié quelque chose, mais en voilà assez pour se demander quelle mouche a piqué celles qui veulent qu’on les appelle autrice, écrivaine, ou auteure. La vanité de ceux qui tiennent une plume est bien connue. Mais d’ordinaire, les femmes sont moins vaines que les hommes. Faudra-t-il reconnaître une nouvelle forme de contagion, et avouer tristement que, pour ce qui est de celles qui écrivent et publient, la sottise glorieuse passe par l’instrument, et les assotent aussi bien que leurs confrères ? Ce serait bien triste. Hélas ! le monde moderne avec ses lubies de parvenus en a rendu fous bien d’autres ! À moins que ce soit la pauvreté du vocabulaire et l’inculture, qui causeraient cette manie, ce qui, pour des gens qui se piquent de publier ce qu’ils écrivent, serait quand même un comble.

 

Illustration : L’auteurice et l’épistolière…

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