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Les catholiques sont-ils les idiots utiles du macronisme ?

Un des faits apparemment les plus étonnants des élections qui viennent de se dérouler aura été le vote massif des catholiques en faveur de LREM.

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Les catholiques sont-ils les idiots utiles du macronisme ?

En effet, les « catholiques pratiquants » auraient voté à 37 % pour la liste LREM lors des élections européennes, selon un sondage Ifop pour la Croix publié lundi soir. Loin devant la liste LR qui n’a obtenu que 22 % des voix dans cet électorat. Ce score de 37 % en faveur de LREM a d’autant plus de poids que 78 % des « catholiques pratiquants » disent avoir voté, soit près de 30 points de plus que la participation globale. Autant dire que les catholiques ont largement contribué à la bonne tenue de la majorité présidentielle, et à la déroute de LR. Ce fait est apparemment étonnant car, pour un observateur impartial, il semble que LREM devrait immédiatement apparaitre à des catholiques pratiquants comme une formation politique qui leur est foncièrement hostile.

Après tout, s’il est des points sur lesquels l’Eglise catholique maintient, contre vents et marées, des positions à peu près fermes, des points qu’elle considère comme « non négociables » lorsqu’il s’agit pour les catholiques de faire un choix politique, c’est sur les questions du début et de la fin de la vie ainsi que sur les questions familiales. Un catholique, autrement dit, ne saurait transiger sur l’avortement et l’euthanasie – absolument prohibés – ni sur les techniques de procréation médicalement assistées. Il devrait avoir à cœur de préserver et de promouvoir « la famille, fondée sur le mariage monogame entre personnes de sexe différent, et protégée dans son unité et sa stabilité, face aux lois modernes sur le divorce » (Note Doctrinale concernant certaines questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique -novembre 2002).

Or il est bien évident que, précisément sur ces points, LREM se situe franchement en dehors des limites tracées par l’Eglise. Non seulement le président Macron a promis d’ouvrir la PMA aux couples homosexuels, mais personne ne peut sérieusement douter que le président, son entourage, le gouvernement, ainsi que la quasi-totalité du groupe parlementaire LREM soient particulièrement réceptifs aux revendications du lobby LGBT, et, au minimum, se moquent de la « famille traditionnelle » comme de colin-tampon. De la même manière, il est bien évident qu’un gouvernement qui compte dans ses rangs des personnalités comme Marlène Schiappa est un gouvernement qui non seulement n’est pas hostile à l’avortement, mais pour qui la seule position acceptable est d’affirmer publiquement que l’avortement est moralement indifférent, voire est un bien positif – au nom de la « liberté des femmes ». Quant à l’euthanasie, rappelons juste que, l’année dernière, 122 députés LREM (soit presque la moitié de l’effectif) avaient signé une tribune appelant à sa légalisation, sans aucunement être désavoués par le Président de la république, qui lui-même s’était déclaré favorable à ce que le débat sur le sujet « avance ».

Du crétinisme politique ?

Plus largement, depuis leur apparition sur la scène politique, Emmanuel Macron et son parti ont donné suffisamment de preuves de leur adhésion à « l’idéologie diversitaire » (pour reprendre l’expression de Mathieu Bock-Coté), idéologie dont la signification pratique n’est pas – contrairement à ce que ses tenants voudraient faire croire – une égale bienveillance envers toutes les « cultures », mais au contraire une préférence marquée pour tout ce qui peut apparaitre comme venant de l’étranger et une antipathie certaine vis-à-vis de tout ce qui peut apparaitre comme nôtre ou national. Ce qui, dans le contexte français, signifie une hostilité sourde vis-à-vis du catholicisme et une partialité marquée pour tout ce qui peut l’affaiblir.

Bref, le vote massif des catholiques en faveur de LREM apparait au premier abord comme un remarquable exemple de crétinisme politique. Un peu comme si les koulaks avaient voté pour le parti communiste soviétique dans les années 1920. Mais comme il n’est pas à présumer que le quotient intellectuel des catholiques soit inférieur à celui du reste de la population, ce ralliement apparemment contre-nature au panache arc-en-ciel de la liste Macron-Loiseau demande à être expliqué.

Une explication commode pourrait être que beaucoup de catholiques ne connaissent pas vraiment la religion qui est censée être la leur (un fait hélas avéré) et que nombre d’entre eux sont des catholiques purement nominaux, qui, pour des raisons variables, se définissent comme tels mais en réalité ont abandonné l’Eglise depuis longtemps dans leur cœur et dans leur esprit. Mais cette explication peut difficilement être retenue puisque la proportion de catholiques ayant voté pour LREM s’élève continuellement à mesure du degré de pratique. Les « catholiques non pratiquants » n’ont été que 22% à voter pour le parti présidentiel, mais ils ont été 43% chez les « pratiquants réguliers ». Il faudrait donc plutôt chercher une explication dans la direction opposée : aussi étrange que cela puisse paraitre, quelque chose dans la foi catholique a sans doute contribué à pousser de nombreux catholiques à apporter leurs suffrages au parti présidentiel.

L’adhésion au magistère et le principe d’obéissance conduisent souvent les catholiques en France à défendre l’ordre légal.

Une amie facebook, elle-même catholique très sérieuse, faisait remarquer que « l’adhésion au magistère et le principe d’obéissance conduisent souvent les catholiques en France à défendre l’ordre légal » et que ce fond légaliste avait pu être réveillé par le mouvement des Gilets Jaunes, ce qui peut s’entendre en effet. Ce phénomène me semble particulièrement perceptible à Paris, où les arrondissements traditionnellement à droite ont basculé comme un seul homme vers LREM. D’autres, dans la même veine, évoquent une sorte de vote de classe, le parti macroniste étant – grosso modo – le parti des gens matériellement aisés, qui ne craignent pas pour leur avenir, mais qui en revanche n’ont que du mépris, teinté d’une certaine crainte, pour les « classes dangereuses » qui ont formé le gros des gilets jaunes et qui forment le gros des électeurs du RN. Une explication qui n’est pas sans mérite mais qui me parait un peu trop parisiano-centrée.

On ne voit pas trop pourquoi, en effet, LR n’aurait pas bénéficié de ce désir d’ordre et de reprise en main. Après tout, quelques soit ses défauts, certes très nombreux, ce parti n’a jamais passé pour un rassemblement de zadistes, et ce sont même des sénateurs LR qui sont à l’origine de la « loi anti-casseurs » adoptée il y a quelques semaines, en réponse aux débordements liés au mouvement des gilets jaunes. LR était jusqu’à présent le parti de l’ordre aussi bien que le parti des possédants, pourquoi donc, si les catholiques craignent pour la stabilité du pays ou pour la pérennité de leur patrimoine, se seraient-ils brusquement détournés de lui, précisément au moment où ce parti avait choisi comme tête de liste un catholique n’ayant pas peur de se dire catholique, en la personne de François-Xavier Bellamy ?

Qui plus, il n’aurait pas été absurde que les électeurs épris d’ordre déduisent de la crise des gilets jaunes que LREM est en réalité le parti du désordre, car le moins que l’on puisse dire est que le gouvernement n’a pas brillé dans sa gestion des manifestations et qu’il porte incontestablement sa part dans la radicalisation du mouvement et dans les violences qui s’en s’ont suivies.

Bref, l’argument de l’ordre ou du légalisme, comme l’argument de classe, est à double tranchant et ne parait pas pouvoir expliquer à lui seul que les catholiques se soient précipités dans les bras d’un parti qui devrait naturellement leur inspirer au minimum de la méfiance. Comme souvent l’explication la plus simple est sans doute la meilleure, et en tout cas me semble devoir être préférée à toutes les autres en l’absence de preuves de son inadéquation.

Une affinité particulière entre la « construction européenne » et la « sensibilité » catholique.

Ce que je veux dire, c’est que nous devons nous rappeler que les élections de dimanche dernier étaient des élections européennes. Or un peu de réflexion montre qu’il existe une affinité particulière entre la « construction européenne » et la « sensibilité » catholique. Les catholiques, comme leur nom même l’indique, ont tendance à percevoir avant tout l’unité du genre humain, à être plus attentifs à ce qui nous rapproche de ceux qu’une frontière politique, linguistique, culturelle, religieuse même, sépare de nous qu’à ce qui nous en éloigne. Considérées à la lumière du fait que nous sommes tous des enfants de Dieu, tous également chers à notre Créateur, les divisions de l’humanité en corps politiques distincts peuvent paraitre artificielles, inutiles, et même cruelles. Pour le dire autrement, le catholicisme a tendance à adopter une perspective apolitique lorsqu’il considère les affaires humaines.

Or l’idée mère de la « construction européenne » est incontestablement que « la fragmentation en corps politiques séparés jaloux de leur indépendance est la source empoisonnée de tous les maux de la condition humaine » (Pierre Manent). Dès lors, défendre l’Union Européenne et son projet d’unification du continent peut, avec un peu de naïveté, apparaitre aux catholiques comme une cause « spirituelle ». Il existe une affinité particulière, bien qu’ultimement perverse, entre le « projet européen » de nous émanciper de notre condition politique et une compréhension un peu superficiel du message du Christ, qui nous enjoint d’aimer notre prochain comme nous-mêmes et de ne pas trop nous attacher aux biens de ce monde, y compris donc aux corps politiques dans lesquels le hasard nous a fait naitre.

A quoi il faut ajouter, dans le même ordre d’idée, l’irénisme, qui est une tentation permanente pour le chrétien, et qui trouve évidemment à se satisfaire dans l’idée constamment rabâchée que « l’Europe c’est la paix ». Si nous nous rappelons que le thème dominant de cette élection, celui sur lequel finalement tous les partis s’accordaient, était la pérennité même de l’Union Européenne (que cela soit sur le mode « l’Europe est en danger » ou sur le mode « UE delanda est »), nous pouvons mieux comprendre que le gros du troupeau catholique ait rallié le berger Macron. L’actuel président n’a jamais caché qu’il était un fervent européiste, et dans un contexte où le choix semblait être entre « sauver l’Europe » en votant LREM ou bien la laisser détruire par « les populistes », il était somme toute prévisible que beaucoup de catholiques opteraient pour la première branche de l’alternative. Même si cela signifiait en réalité se tirer une balle dans le pied.

J’ai dit que l’apolitisme et l’irénisme, et donc aussi la naïveté, caractérisaient une certaine « sensibilité » catholique. Il ne s’agit certes là que d’une tendance. Une pente sur laquelle les catholiques sont en danger de rouler s’ils n’y prennent pas garde mais au bord de laquelle ils peuvent se retenir. Et l’Eglise a incontestablement amassé quantité de contrepoison dans ses immenses magasins au cours de ses deux mille ans d’existence. Ces remèdes spirituels sont toujours disponibles pour qui veut s’en servir, à la seule condition de savoir dans quel rayonnage chercher.

La religion de l’humanité

Cependant cette tendance délétère a certainement été renforcée au 20e siècle, au fur et à mesure que de plus en plus de catholiques confondaient la « religion de l’humanité » avec leur propre religion et que l’Eglise elle-même semblait parfois entretenir cette confusion. Les retombées du concile Vatican II ont achevé de savonner cette pente fatale, sur laquelle le gros des fidèles a glissé, avec pour conséquence que nombre d’entre eux ont purement et simplement abandonné le catholicisme. Le pape François, né en 1936, est malheureusement le parfait exemple de cette confusion intellectuelle, et donc finalement spirituelle, qui règne jusque dans les plus hautes sphères de l’Eglise.

Toutefois, certains signes laissent penser que les jeunes générations de catholiques ont pris conscience de ce danger mortel et essayent de revenir à une conception plus saine de leur religion, et des rapports entre religion et politique. La génération post-Vatican II/Pierres Vivantes est en train de quitter lentement la scène, et, semble-t-il, de laisser la place à une génération de catholiques certes bien moins nombreuse mais moins sensible aux sirènes de l’époque.

Il serait très intéressant de connaitre l’âge moyen des catholiques ayant voté pour LREM dimanche dernier. Etant donné que, selon des sondages concordants, une grosse majorité de l’électorat LREM à cette occasion avait plus de 50 ans, et que d’autre part cela marquait un vieillissement de l’électorat macroniste par rapport à la présidentielle, mon intuition est que cet âge moyen doit être assez élevé.

 

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