Le livre de Toshikazu Kawaguchi, comme tous les romans japonais, a ce charme particulier empreint de poésie et de mystère. Un conte insolite qui se décline en quatre chapitres, quatre destins et quatre raisons de traverser le temps.
L’action se passe dans le huis clos du Funiculi Funicula, un petit établissement de Tokyo où une légende prétend que l’on peut voyager dans le passé ou le futur à condition de se soumettre à des règles strictes, la plus importante étant de boire le café jusqu’à la dernière goutte et revenir avant qu’il ne refroidisse, en sachant que quoi que l’on fasse, rien ne changera le présent. Dans un rituel solennel, ce moka à l’acidité marquée servi dans un mouvement gracieux et précis, quatre femmes vont se succéder pour remonter le cours de leur vie, savourer un bonheur retrouvé, revivre un moment particulier de leur existence qui parle de blessures, de regrets, de rendez-vous manqués ou de pardon. Ces histoires où toutes les formes d’amour sont explorées avec délicatesse et pudeur prennent corps et finissent dans les volutes d’un café. À l’issue du voyage rien n’aura changé pour ces femmes sinon leur regard, leur prise de conscience de l’importance du moment présent et l’apprentissage, sans doute, que « par sa force d’âme l’homme peut surmonter la plus douloureuse des réalités ». Sous la plume délicate de Toshikazu Kawaguchi, ce bijou littéraire nous offre une belle réflexion philosophique sur la vie.
Toshikazu Kawaguchi, Tant que le café est encore chaud. Albin Michel, 2021, 239 p., 7,40 €