En 2012, Christian Combaz livre un roman narquois et campagnard racontant la France des Abonnés, entendez les abonnés à Canal+, aux prises avec le petit peuple rural, les gueux, ceux qui adhèrent « au parti de ceux qui n’en pensent pas moins. »
L’incompréhension mutuelle est complète mais le petit peuple, lui, se résigne à n’être jamais écouté, jamais compris et toujours vilipendé. Le narrateur l’écoute, installe les ordinateurs chez les vieux, raconte les démêlés administratifs aberrants – mais si vraisemblables – et les vies cabossées. C’est tendre et acide à la fois, tout n’est qu’une vaste parabole de la modernité triomphante et destructrice, remplie de personnages moins truculents que pathétiques, la féministe, le demeuré, les pauvres (on est en France au XXIe siècle, un seul ne suffit pas à tout résumer), l’immigré, inattendus et cocasses, comme si Gabriel Chevallier avait décidé de raconter un Clochemerle moins bouffon. On y trouve des perles de résignation comme celle-ci : « On ne doit pas se réjouir du malheur d’autrui, mais il n’est pas toujours possible de s’en affliger. »
Christian Combaz, Gens de Campagnol. Jean-Cyrille Godefroy, 2025, 168 p., 20 €
