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Le Witcher et le Progrès

Une adaptation Netflix est la consécration d’un succès populaire marchand. Les règles en sont immuables : chaque œuvre doit être repeintes aux couleurs du politiquement correct quitte à trahir son propos initial.

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Le Witcher et le Progrès

The Witcher (le sorceleur) a depuis longtemps devancé la vodka comme premier produit culturel polonais. C’est dire l’ivresse que provoque cette saga, une des plus aimées du genre de la fantasy, à haute teneur en mages, dragons et bestioles étranges en tout genre. Le héros, Geralt de Riv, est un humain qui a muté à cause de son entraînement pour devenir tueur de monstres. Il combine tous les canons de l’homme viril sans pour autant en être le cliché.

Sapkowski, l’auteur du roman à succès adapté en jeu vidéo, situe son intrigue dans le moyen-âge polonais mythologique. On le ressent à travers les noms qu’il utilise, les descriptions qu’il fait de ses personnages, à tel point que l’équipe (polonaise elle aussi) ayant adapté l’œuvre en jeu vidéo a adapté le folklore pour l’œil averti : le blason de la Rédanie, une nation importante, s’inspire des armes de la Pologne, l’alphabet du jeu est le glagolitique, ancêtre du cyrillique… Plein de petits cadeaux visuels aux amateurs de l’ambiance de cet univers.

En résumé, un livre polonais parlant de folklore polonais adapté par une société polonaise de jeux vidéo avec un visuel polonais est devenu le premier produit d’exportation culturel de ce pays, avec plus d’un million et demi d’exemplaires du jeu vendu, plus de cinquante millions d’euros de bénéfice et un succès mondial.

Il était urgent de tout changer ! Et pour cela, qui de mieux que Netflix, la plateforme de diffusion de films et série en streaming, qui se targue d’être progressiste et éveillée, au point qu’elle se retire des États américains dont les résultats électoraux n’ont pas l’heur de lui plaire. Netflix produit aussi des séries (ratées) sur l’homosexualité et le transgenrisme, non pas pour évoquer ces sujets au milieu d’autres, mais par agenda politique assumé. Le Progrès arrive, et Netflix a décidé d’en cocher toutes les cases.

Une œuvre trahie au nom du progrès

Alors quand Netflix met ses doigts pleins de vivrensemble festif dans une saga médiévale dépeignant un monde sans pitié, dont le héros est un homme (comment peut-on encore être un homme en 2020 ?) viril et moralement droit, ça ne peut que faire des étincelles. C’est la showrunner Lauren Schmidt Hirrsch qui est aux commandes, recrutant un entourage s’affichant comme « patriarchy-smasher » (destructrice de patriarcat), ou « lover of women with swords » (amatrice de femmes avec des épées). Avec un tel programme, on ne pouvait s’attendre qu’à de la qualité certifiée par le Cerfa Progrès 3.0.

Dans cette soupe grotesquement appelée The Witcher parce qu’ils ont payé les droits et suivent à peu près l’intrigue, on se fait morigéner à base de commentaires spirituels tels que « ah les hommes et leurs diktats patriarcaux ! » et autres « tout ça parce que la tradition masculine le veut ! », faisant du conseil des sorciers une sorte de cercle de pouvoir féminin, et donnant une importance démesurée à des personnages féminins secondaires pour les propulser sur le devant de l’intrigue. C’est à se demander pourquoi The Witcher n’est pas devenu The Witch, tant le script se braque sur Yennefer, l’amante de Geralt. Sous prétexte de s’abstraire des clichés sur les femmes, on s’épargnera de devoir comprendre les personnages masculins, grossièrement (d?)ébauchés sous la caméra Netflix. Geralt, le héros, passe de mutant aux questions morales profondes à un homme qui montre les muscles, boit de la bière et s’envoie toutes les femmes. Yennefer, elle, accepte la stérilité pour devenir belle, puis passe le reste de l’histoire à essayer de retrouver sa fécondité. Pour la subtilité et le questionnement intérieur, on repassera.

Netflix a repeint une saga à succès avec la truelle du « progrès » et de la justice sociale. Cette boucherie avait commencé dès le début du casting, quand a fuité une annonce des plus étranges : pour jouer la princesse Ciri, personnage capital, jeune fille aux cheveux blonds, aux yeux clairs et à la peau pâle, la production recherchait expressément… une « latino » ou afro-américaine ! C’est une chose que de tricher un peu avec la description originelle pour donner le rôle à une actrice hors du commun ; c’en est une toute autre que de chercher spécifiquement à transformer l’ethnie d’un personnage en un autre, uniquement par agenda politique.

Levée de bouclier des fans, notamment aux États-Unis où la tendance « Ciri is white » (Ciri est blanche) envahit les réseaux sociaux. D’autant plus que Netflix n’en est pas à son premier essai de blackwashing, à tel point qu’un mème internet a vu le jour.

Netflix se replie. Vous ne voulez pas d’une Ciri « diversifiée » ? Très bien, vous aurez tous les autres personnages. Comme animée par une obsession malsaine et incompréhensible, l’équipe Netflix a modifié sciemment l’ethnie de personnages cruciaux de l’intrigue. La rousse aux yeux bleus Triss Mérigold ? Sud-Africaine ! La sorcière Fringilla à la peau effroyablement pâle et aux yeux verts ? Zimbabwéenne ! Les dryades, les elfes, les paysans ? La moitié sont africains, ce qui a encore moins de sens que s’ils l’étaient tous.

De l’incompatibilité politique de la fantasy et du vivre ensemble

D’autant que, dans le monde du Witcher, l’apparence conditionne énormément un individu et le racisme est une des dynamiques profondes de l’histoire. Les groupes sont ethniquement homogènes. On juge et on traite les gens selon leur apparence. Vouloir « inclure » des profils raciaux dits divers, faire des femmes les moteurs de l’intrigue, juste pour gagner des points Progrès, signe leur échec pour deux raisons.

Tout d’abord, la fantasy est un genre difficile d’accès, qui repose en grande partie sur le pacte de fiction. Elle dépeint un monde complexe, que l’on ne connaît pas, où l’on doit accepter que lancer une boule de feu est crédible. Si on y ajoute des incohérences visuelles, où l’on est obligé de s’imaginer les particularités de chaque peuple à défaut de les voir, il devient compliqué de comprendre réellement les enjeux subtils soulevés par le livre. Mettre des paysans noirs dans un conte polonais, c’est aussi stupide et irrespectueux que glisser des blancs dans un conte africain ou japonais.

Ensuite, il existe une diversité incroyable dans le monde du Witcher : diversité de caractère, de morale, de vision du monde… Réduire cette diversité à l’ethnie ou au clivage homme/femme marque sans équivoque une vision racialiste et politique du monde. À trop vouloir pousser un message « antiraciste » selon nos critères, on oblitère totalement le message très fin délivré en filigrane de l’intrigue.

La saga du Witcher a bien fonctionné parce qu’elle aborde justement les thématiques de la morale, de l’acceptation de l’autre, de manière intelligente et subtile, et non pas martelée par des producteurs prétentieux pensant détenir la « bonne » pensée. On apprend aux côtés de Geralt que seuls les actes des individus doivent être pris en compte, que la providence peut venir d’un peuple ennemi comme le coup de poignard de son voisin.

Les scénaristes de la série The Witcher reprennent ces thématiques de manière forcée, grossière, bref, le boulot n’est pas fait. Pire, le résultat est l’inverse de celui espéré.

La Team Progrès doit comprendre que la fantasy n’est pas là pour faire avancer un agenda politique. Elle est là pour nous faire voyager dans d’autres mondes et, parfois, au milieu des dragons et des magiciens, pour nous trouver nous-mêmes.

Illustration : La Pologne médiévale dans toute son authenticité

 

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