Monde
« Nos dirigeants actuels invoquent souvent la révolution »
Un entretien avec Ludovic Greiling. Propos recueillis par courriel par Philippe Mesnard
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Emmanuel Macron est un objet de fascination horrifiée depuis sa campagne présidentielle. Radu Portocală, écrivain roumain ayant fui la dictature communiste, installé en France, lui a consacré un essai qui circonscrit cette fascination, l’analyse chez les journalistes, la montre en action. Autant de textes ciselés dans une langue parfaite sur « L’Excommunication des minables », « L’Adulation des divers », « L’impérieuse révérence ». Macron, sa manière morbide d’occuper la scène, ses effets théâtraux, son vide essentiel, y sont disséqués avec une lucidité qui n’est cruelle que parce qu’elle est juste : « La France est une vaste scène où, entouré d’une foule de figurants, M. Macron donne son petit spectacle. Il fait de grands gestes, se démène entre Trump et un sous-marin, menace Poutine du doigt et se jette dans les bras de « la chancelière », règle le sort de la Syrie – tout cela pendant qu’il fait rouler vers les hauteurs, tel un Sisyphe bénévole, le lourd fardeau de notre bien-être. » L’ironie est acide, l’image est parfaite, le constat est navré.
À chaque fois, l’auteur révèle ce qui se joue, donne le point de vue exact : Trump broyant la main du présidant français sous les regards pâmés de la presse nationale ? « La démonstration d’Emmanuel Macron – qui ne prouvait pas la force mais une capacité têtue à subir, ce qui n’est point du tout la même chose – […] ». Radu Portocală regarde la France, en état d’euphorie stupéfiée, accepter qu’un enfant place son orgueil plus haut que la décence et sa personne au-dessus des lois. Le dictateur pointe sous le bateleur : « Celui qui ne peut se faire de disciples qu’en leur annonçant l’arrivée d’un temps nouveau, qui verra s’épanouir l’imminent monde nouveau, bâti sur les ruines du passé anéanti, a toutes les chances, lorsqu’il faudra camoufler ses échecs, de prendre l’habit de l’autocrate. […] Il n’est pas facile de se défaire du sauveur. »