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Le paradis mis en page

Notre ami Richard de Seze a l’esprit plaisant. Et c’est donc un plaisir de le lire. Il a l’art de nous conter des récits qui, sous leur légèreté apparente, cachent des trésors de réflexions.

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Le paradis mis en page

La fantaisie ironique enveloppe une sagesse profonde et ce qui se présente presque comme une frivolité dissimule une vision théologique, une conception métaphysique, une philosophie politique et même économique et écologique. Il ne s’en cache pas et il s’explique sur ces graves questions dans une postface qui n’a pas besoin d’être une justification – elle serait superfétatoire –, mais tout simplement l’exposé simple et clair de sa compréhension de l’unité de la création et de l’œuvre de rédemption au cœur desquelles se situe notre nature humaine, certes pécheresse, mais capax Dei, donc faite naturellement et déjà surnaturellement pour développer, rayonner, multiplier toutes les richesses dont Dieu l’a dotée. La religion n’est pas une privation mais un accomplissement.

Rien de plus catholique que ce petit livre merveilleux qui semble ne prétendre à rien et qui atteint les cieux, avec ce souci d’intégrer la terre, toute la terre, nos communautés, nos familles, nos villages, nos amitiés, nos relations, nos champs, nos vignobles, bref, pour tout dire d’un mot, notre France, sans oublier les autres pays, bien sûr, à la récapitulation générale du Tout en tous que l’Apôtre a défini comme le terme de l’histoire.

Débloquant les stocks de prières oubliées

Oui, rien de plus catholique et, si l’auteur le permet, en dépit des pisse-froid du progressisme moderniste, de plus national catholique, de plus paysan catholique, de plus france-catholique. Du vrai, du solide, du sérieux. Bien sûr, du sérieux ! Avec ce sourire de fausse ingénuité qui peut couvrir bien des vacheries, et quelquefois ce rire énorme qui se contient pour ne pas blesser la bienséance.

Suivez donc les pérégrinations de sœur Roselyne au paradis et du pauvre Christophe, ex-directeur de La Pléiade, au purgatoire. Avec leur gardien, les anges missionnés, saint Pierre le portier vigilant. Ils vont de découvertes en découvertes, toutes significatives, elle, montant vers la sainteté tout en débloquant les stocks de prières oubliées – qu’il faut « écluser » disent les Anges –, allant jusqu’à secouer la bureaucratie paradisiaque – eh oui, il y en a partout ! – ; lui, se payant un long purgatoire pour toutes ces fausses amitiés mondaines et tant de services non rendus. Superbe leçon d’une drôlerie raffinée que le sort d’un Dante, condamné à lire toutes les traductions et les commentaires de son œuvre, et le destin de Pascal qui doit déballer ses manquements qui n’en sont pas, viennent orner encore de la plus terrible des moqueries, la littéraire. En l’occurrence elle est bonne enfant. La langue, le style ajoutent à l’élégance du propos. Les illustrations de Luc Tesson pareillement.

 

Richard de Seze, En arrivant au Paradis, Illustré par Luc Tesson, Cerf ; 158 p. ; 14,90€

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