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Le dernier Espadon

La série Blake et Mortimer fête ses 75 ans. En 1946 paraissait sa première aventure, sous le crayon d’Edgar P. Jacobs, Le Secret de l’Espadon. À l’occasion de cet anniversaire, l’éditeur actuel de la série a choisi de publier une suite directe à cette aventure, Le dernier Espadon.

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Le dernier Espadon

Écrit par Jean Van Hamme, premier repreneur de la série, dessiné par Peter Van Dongen et Teun Berserik, cet album marque un tournant dans l’histoire de nos deux héros. Van Hamme, scénariste de renom, a décidé de replacer la série dans un contexte historique. Si Le Secret de l’Espadon avait lieu lors d’une troisième guerre mondiale fictive, la nouvelle aventure des deux héros so british se déroule en 1948 dans une époque troublée, clairement définie cette fois et non plus uchronique. 

L’intrigue paraît simple : le capitaine Francis Blake confie à Philip Mortimer une opération de la plus haute importance, se rendre au Pakistan pour modifier le code d’activation des Espadons stockés dans la base de Makran, afin de permettre leur transfert jusqu’à Scaw-Fell, en Angleterre.

Blake, qui vient de prendre la direction du MI 5, doit ensuite partir pour l’Ulster : d’après l’un de ses agents, l’IRA préparerait un complot d’envergure contre l’Angleterre… Il l’ignore encore mais ce complot, fomenté par un ancien nazi allié à l’IRA, utilise précisément l’un des derniers Espadons en activité… La couverture de l’album donne d’ailleurs un indice du détournement de l’Espadon : on le voit sortir de la Tamise non loin de Tower Bridge.

Pour cet album, les dessinateurs hollandais sont revenus au style graphique que Jacobs avait adopté à la fin du Secret de l’Espadon : une ligne claire avec de nombreuses ombres. Signe que l’intrigue sera pleine de noirceur. Dans cet album, en effet, les personnages se révèlent plus sombres et plus complexes que dans le premier opus de la série. Blake n’hésite pas à avaliser la décision de tuer Mortimer en cas de nécessité absolue ; Mortimer n’est plus perçu comme le génial inventeur de l’Espadon, mais comme celui d’une arme totale, « atomique » comme on disait à l’époque, et de destruction massive. Certes, l’Espadon a permis aux Alliés de gagner la troisième guerre mondiale, mais, entre de mauvaises mains, cette arme absolue pourrait créer des ravages. Le parallèle avec la bombe atomique est patent, dans cette aventure.

C’est donc une histoire à la logique dramatique implacable que nous livre Van Hamme pour son nouvel album de Blake et Mortimer. On le lira avec d’autant plus de plaisir que les dessinateurs n’ont pas ménagé leur peine pour œuvrer dans la lignée d’Edgar P. Jacobs. Respectueux, sobre, efficace, Le dernier Espadon trouvera tout naturellement sa place dans votre bibliothèque, en digne successeur des premiers volumes de la série canonique… et loin des caricatures qu’on a pu voir par le passé, des suites moins heureuses à ce qui reste une des séries les plus importantes de l’histoire de la bande dessinée.

 

Le dernier Espadon. Dessins de Berserik Teun et Peter Van Dongen. Texte de Jean Van Hamme, Ed. Blake Et Mortimer, 2021, 64 p., 15,95 €.

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