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Le chevalier disparu

Ségurant est grand et fort, il mange comme quatre et coupe avec indignation la tête des chevaliers chrétiens qui viennent en aide aux païens (il n’épargne pas non plus les Sarrasins), son écuyer Dinadan est un farceur, Ségurant joute tant qu’il n’accorde pas seulement un brin d’attention aux demoiselles.

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Le chevalier disparu

Ségurant, ensorcelé, court après un dragon qui n’existe pas, Ségurant disparaît. Il disparaît même de nos mémoires et de l’histoire de la littérature jusqu’à ce qu’un jeune médiéviste italien tombe sur sa trace, en 2010, dans la Bibliothèque de l’Arsenal. Lui-même courra des années durant après son dragon, à travers les bibliothèques européennes et les manuscrits ruinés, ramenant triomphalement un héros oublié et un roman reconstitué. Michel Zink en est baba d’admiration (« Reconstituer l’ensemble du roman est un prodige d’érudition, d’intelligence et de sensibilité »), nous aussi : ce ne sont que chevauchées, tournois, joyeuses exclamations et formules rituelles : « Que vous dire ? Si le Seigneur Dieu lui-même était descendu parmi eux, ils n’auraient pas pu faire joie plus grande. » Emanuele Arioli a publié une version savante de sa découverte patiemment inventée, le volume des Belles Lettres en est une version accessible, en français contemporain, mais merveilleusement parsemée de vieux mots et toute empreinte des vieilles tournures. Le charme opère, on est emporté par cette grande joie de vivre.

 

Ségurant, le chevalier au Dragon, édité par Emanuele Arioli. Les Belles Lettres, 2023, 272 p., 13,50 €.

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