Océanographe autodidacte, Conti fut l’une des premières à alerter sur l’épuisement des ressources maritimes et à documenter, par la photographie et l’écriture, la réalité de la pêche intensive. Dans cette biographie, la vie d’Anita Conti se déploie comme un voyage aux confins de l’exploration scientifique et de l’engagement écologique. Le récit nous plonge dans l’univers de cette pionnière, qui, dès sa plus tendre enfance, fut envoûtée par l’appel des vagues. Le dessin élégant de Catel, proche de la Ligne claire, sert admirablement le récit de la vie de Conti écrit par Bocquet, rompu à l’exercice.

Anita Conti a exploré les océans, du rude Atlantique aux eaux plus secrètes de la mer de Barents. Une aventure humaine mais aussi un combat écologique avant l’heure. Dans les années 1930, elle dénonça la pollution croissante des océans et la menace de la surpêche, des fléaux que le monde ignorait encore largement. Elle voyait dans l’aquaculture un moyen de contrer ces menaces et fit preuve de perspicacité visionnaire en l’explorant des décennies avant que l’idée ne devienne populaire.

Une vie à protéger la mer

Conti aura passé plus d’heures en mer qu’à terre, consacrant sa vie à protéger ces étendues d’eau. Cette biographie, loin de s’en tenir à une simple chronologie d’exploits, dégage le souffle de son engagement et nous invite à comprendre un cri d’alarme qui résonne encore aujourd’hui : si les océans couvrent les trois quarts de notre planète, leur préservation est un pilier fondamental pour notre avenir.

Le musée de Fécamp dévoile jusqu’en janvier prochain une exposition dédiée à Conti. Outre des objets et des photographies de la pionnière, des planches de la biographie graphique de Catel et Bocquet viennent rythmer le parcours. Une autre façon de découvrir cet album et cette vie.

José-Louis Bocquet et Catel, Anita Conti. Casterman, 2024, 368 p., 24,95 €