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L’agonie du Printemps républicain

Le nouveau roman d’Aurélien Bellanger se veut l’ouvrage polémique de la rentrée littéraire.

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L’agonie du Printemps républicain

Oscillant entre le récit et la fiction, Bellanger règle ses comptes avec ceux qu’il estime à l’origine de la lente dégringolade du Parti socialiste. Dans ce roman à clefs, il sera rarement question du Parti en lui-même mais de trois intellectuels qui ont, selon le romancier, tout changé à gauche.

De quoi est-il question ? Au début du XXIe siècle, deux philosophes aux idées diamétralement opposées aspirent à conquérir la République des Lettres. Parallèlement, un apparatchik marginal, fervent défenseur du Parti socialiste, se fixe comme mission de sauver la République française. Lorsque la publication de caricatures dans un journal satirique provoque une crise géopolitique majeure et une série d’attentats, ces trois ambitieux forment un mouvement clandestin qui précipitera le pays vers un avenir incertain.

Les masques tombent rapidement, les deux philosophes, Taillevent et Frayère sont inspirés respectivement par Raphaël Enthoven et Michel Onfray. Plus problématique, le personnage de l’intellectuel fondateur d’un mouvement qui ressemble à s’y méprendre au Printemps républicain, Grémond, est inspiré par le politologue Laurent Bouvet. Et c’est là que le roman peut faire tiquer : Bouvet étant décédé suite à la maladie de Charcot dont il a été longuement malade, il pourrait paraître quelque peu déplacé de s’attarder à décrire l’homme, malade, qui porte pourtant en lui la responsabilité de la lente dégradation du PS (selon Bellanger). C’est de ce jeu entre réalité et fiction que peut naître le malaise à défaut de la polémique. Les deux premiers tiers du roman sont ancrés dans la réalité, mais c’est quand Aurélien Bellanger lui-même, sous le pseudonyme du romancier Sauveterre, entre en scène que la fiction prend définitivement le relais de ce long manifeste à charge. La fin est totalement imprévisible et ne correspond nullement à la réalité, ce qui permet à l’éditeur d’apposer la marque de roman à ce livre iconoclaste. Les passionnés de politique française ne pourront pas passer à côté de ce livre qui a tant fait parler de lui. Tristement, l’ouvrage se termine en 2022. On aurait aimé savoir ce que Taillevent et Frayère deviennent après les élections présidentielles, de même que le « Mouvement du 9 décembre », double du Printemps républicain. Une chose est certaine : Bellanger fait partie de ceux qui estiment que la laïcité ne doit pas être au centre des débats de la gauche. Ou du moins la laïcité à la mode « Printemps républicain ». L’avenir du NFP lui donnera-t-il raison ?

 

Aurélien Bellanger, Les derniers jours du Parti socialiste. Seuil, 2024, 480 p., 23 €

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