Civilisation
Mémoires de Ponce Pilate
Cette réédition des Mémoires de Ponce Pilate chez Plon est bienvenue.
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Anne Bernet, historienne accomplie de la Vendée militaire et de la chouannerie, excelle dans les biographies et se spécialise, ces derniers temps, dans les vies de saints, en particulier de ceux dont les procès sont en cours et où elle est partie prenante.
Et quand Anne Bernet se penche sur une vie, tout est examiné, pesé, et elle livre ensuite, après étude minutieuse, le fruit de son travail en le rendant par une écriture plaisante accessible à la lecture du plus grand public possible. En écrivant la vie de la Lavalloise Thérèse Rondeau, elle dresse le portrait d’une femme exceptionnelle qui, née sous la Révolution, vécut jusqu’en 1866 sous le second Empire, après avoir traversé des temps épouvantablement troublés, en répondant peu à peu, puis de manière de plus en plus engagée, à une vocation de total dévouement à ce qu’on appelait alors « les filles perdues », élargissant son œuvre au-delà même de ses premières limites, constituant, comme malgré elle, un institut de vie consacrée, qui sera obligé de se séparer de son apparente maison-mère bordelaise, pour assumer sa propre existence et son propre développement.
Anne Bernet en profite pour mettre en perspective cette prodigieuse pugnacité spirituelle dans une époque où, malgré les temps troublés et les subversions de toutes sortes, un renouveau catholique anima la France jusque dans ses tréfonds, suscitant toutes sortes d’initiatives charitables et de créations de congrégations. La vie sainte de cette héroïne de la foi qui vécut si intensément dans la souffrance acceptée et jusque dans la nuit la plus obscure de la foi, ne s’explique que par une grâce mystérieuse, allant parfois jusqu’au miracle, qui illuminait et renforçait au fond des plus noires adversités une conviction personnelle forgée dans le combat contre-révolutionnaire. Anne Bernet n’hésite pas à le dire : née royaliste et « chouanne », Thérèse Rondeau, Mère supérieure et fondatrice de Notre-Dame de Miséricorde, d’où plus tard sainte Faustine fera connaître son message, mourut en odeur de sainteté, royaliste toujours et, en tant que telle, toute donnée à son Dieu. Un livre passionnant, un beau cadeau de Noël.