Depuis le jour où Robert Mestelan, jeune retraité de l’armée française et veuf d’une femme qui lui avait donné trois enfants, et Claudia Bohren, célibataire, née en Suisse dans le protestantisme, se rencontrèrent sur le chemin de St Jacques et s’épousèrent, ils marchent pour la rechristianisation de l’Europe. Le chemin de St Jacques fut aussi chemin de conversion pour Claudia, devenue ardente catholique. Ils avaient entendu l’appel de Jean-Paul II du 1er juin 1980 au Bourget: « France, fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la Sagesse éternelle ? » et ils avaient lu son encyclique Christifideles laïci de décembre 1988. A l’époque, où les racines chrétiennes de l’Europe commencèrent à être niées par les instances politiques de Bruxelles, ils cherchèrent comment unir les chrétiens d’Europe. Or, « pour s’unir, il faut s’aimer, pour s’aimer il faut se connaitre, et pour se connaitre, il faut aller à la rencontre les uns des autres». (Cardinal Mercier)
Comment le faire mieux qu’en marchant ? Environ tous les deux ans, ils endossent leur sac, chaussent leurs gros souliers, ferment la porte de leur maison vauclusienne de Velléron, et partent sur les routes pour plusieurs mois, à raison de 30 à 35 kms, soit 8 heures de marche par jour, ne sachant le matin où ils vont coucher le soir, demandant l’hospitalité de quelque salle paroissiale ou communale au curé ou au maire, dormant tantôt dans un lit, tantôt sur la dure, comptant sur les rencontres providentielles pour propager la bonne parole.
Après St Jacques, ils ont fait, toujours à pied : Velléron – Bethléem , puis “La route des anges” de St Michel du Monte Gargano (Italie du sud) au Mont St Michel en France. Arrive l’ année déterminante 2004 . Ils partent le 12 avril de Vézelay (où St Bernard prêcha la croisade) pour atteindre Kiev (lieu du baptême de la “Rus”), le 27 septembre. Sur leur route ils entendent parler d’un congrès qui venait de se tenir à Mariazell, où le cardinal Schönborn avait réuni les évêques et des personnalités politiques des pays limitrophes de l’Autriche, récemment libérés du communisme, pour définir une ligne de conduite d’inspiration chrétienne. Il en résulta une “charte de Mariazell” en sept points, dont les médias français ne dirent pas un mot, et qui se résumait à ceci :
1. Annoncer le Christ à ceux qui ne le connaissent pas, être ses témoins par sa conduite
2. Apprendre à prier et enseigner la prière à ceux qui ne prient pas
3. Approfondir ses connaissances en matière de religion pour être capable de répondre aux objections
4. rendre la religion visible par des signes ostensibles : images, croix, oratoires (le contraire de l’ “enfouissement” qu’on nous prêchait naguère)
5. Sanctifier le dimanche et faire respecter le repos dominical
6. protéger la vie humaine de la conception à la mort naturelle
7. Promouvoir la solidarité en Europe et dans le monde.
Ils arrivaient après la bataille. Le congrès était terminé, mais ils furent reçus par le cardinal et sa charte devint la leur.
Un “oratoire” est un petit édifice religieux en plein vent qui, sur un lieu de passage, rappelle quelque chose du passé religieux de la région, et incite à la prière le promeneur qui ne songerait pas à entrer dans une église. Ils se sentirent la vocation d’implanter des oratoires partout où ils trouvaient réunis un lieu significatif, des fidèles bien disposés et des autorités locales favorables au projet.
Jean-Paul II meurt en 2005 et les époux Mestelan décident de placer leur entreprise sous son patronage. 2006 est l’année où ils fondent l’association La route de l’Europe chrétienne et où, le 13 mai, sous la protection de Notre Dame de Fatima, trente-six pèlerins assistent sous leur conduite à la bénédiction d’un bel oratoire à la mémoire de Jean-Paul II, dans le jardin de la clinique fondée par son frère ainé, Edmund Wojtyla.
Depuis, ils alternent pèlerinages à pied et pèlerinages en autocar où ils emmènent leurs amis. A l’heure actuelle, trente-trois oratoires sont sortis de terre. Ils attestent la foi qui continue à irriguer la vieille terre d’Europe Après la Pologne, ce furent la République Tchèque, la Roumanie, l’Allemagne, la Suisse, l’Ukraine, l’Irlande, la Grèce, l’Espagne, la Belgique, la Slovaquie, l’Autriche, la Lituanie, la Norvège et, bien sûr, la France, qui n’a pas été oubliée. On peut aujourd’hui vénérer Notre Dame de Guadaloupe au Barroux, l’Enfant Jésus à Visan et à Meursault, Mater Admirabilis à Fontgombault, St Michel Archange à Velleron, St Joseph à Cotignac et St Benoît-Joseph Labre au sanctuaire de St Gens. Les formes des oratoires sont très variées : en pierre de taille, en maçonnerie ou en bois. Ils sont le résultat du style et de la ferveur de chaque pays constructeur avec une statue, une mosaïque, un bas relief ou une sculpture originale.
A Chantemerle-les-Blés (Drôme) l’oratoire du « Volto Santo », œuvre du sculpteur Pascal Beauvais, a été construit à proximité du sanctuaire de St Joseph du St Sauveur, édifié pour la défense de la vie par le regretté Dr Villette qui a implanté sur la colline environnante une sorte de “colline des croix” des enfants avortés, comparable à la Colline des Croix de Lituanie. La route compte bien ne pas laisser ce lieu sans entretien.
Comme si cela ne suffisait pas, l’évêque d’Avignon, Mgr Cattenoz a appelé les gens de la Route à une autre tâche : la restauration d’une ruine qui lui avait été léguée par ses propriétaires, des vignerons de Baumes de Venise. Ce tas de pierres se révéla être les restes d’une église paléochrétienne du Vie s. dédiée à Saint Hilaire . En raison de l’importance des travaux, il fallut créer une nouvelle association loi 1901 : Sauvegarde de la chapelle Saint-Hilaire et les premiers travaux commencent à l’aube de l’année 2012. Aujourd’hui, en plus de la découverte de l’édifice, maintenant extirpé de la gangue de ronces et de broussailles qui l’emprisonnait, les randonneurs font la découverte du beau travail d’une association de bénévoles qui sans ménager sa peine, poursuit en toutes saisons et par tous les temps, un objectif qui, au départ, aurait pu paraitre ambitieux : mettre la chapelle hors d’eau. Après quatre ans de travaux opiniâtres, l’association a fait la preuve de sa compétence et de son sérieux. Soutenue par quelques mécènes privés {Crédit Agricole, Sauvegarde de l’Art Français, Ciments Lafarge, Vieilles Maisons Françaises, MG Imprimerie), les cotisations et les dons de ses fidèles adhérents, elle a créé deux emplois en s’entourant des services et de la haute compétence de deux tailleurs de pierre.
Les fondateurs de cette association en plein développement l’animent avec tout leur dynamisme, mais il faudra qu’elle perdure quand ils devront passer le relai à des jeunes. Qu’on y songe…
LA ROUTE DE L’EUROPE CHRÉTIENNE
Association loi de 1901
Atelier Lou Barri – 84740 Velleron / France – Tel/Fax 04 90 20 08 70
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