Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Ferdinand von Saar (1833-1906) intègre la lignée de ces écrivains qui ont tous les talents.
Auteur de tragédies mais surtout de nombreuses nouvelles, poète à ses heures, qui connut certes quelques heures de gloire mais qui pourtant fut éclipsé de son vivant par Zweig ou Schnitzler, il est resté injustement dans l’ombre, en France notamment, faute d’avoir été suffisamment traduit et publié. Les éditions Bartillat viennent réparer cette iniquité en nous offrant ce chef-d’œuvre, Le Lieutenant Burda, qui devient ainsi le quatrième texte publié en France de celui qui fut considéré comme le Maupassant viennois, en raison du caractère à la fois très classique et réaliste de ses écrits. Ferdinand von Saar dira lui-même que ses nouvelles doivent être comprises comme « des tableaux de la culture et des mœurs puisés dans la vie autrichienne de 1850 jusqu’au présent », et Le Lieutenant Burda s’inscrit dans cette série de portraits en prenant pour décor l’armée autrichienne et le monde fermé et protocolaire de ses officiers.
L’histoire d’amour impossible de cet officier d’origine modeste, mais paré de tous les signes de distinction en vigueur, qui s’éprend d’une jeune femme de la haute aristocratie, est l’occasion de pourfendre toute une société pétrie de conventions et de codes à laquelle notre Lieutenant va se heurter pour finir, victime de sa propre folie, en héros de tragédie. Publiée en 1887, cette nouvelle est largement autobiographique, et tend à montrer à quel point les barrières sociales restent infranchissables, ce qui n’est pas sans provoquer quelques problèmes psychologiques ou de mégalomanie que le Lieutenant Burda incarne parfaitement. Aujourd’hui traduite par Jacques Le Rider, nous ne pouvons que conseiller aux lecteurs de se précipiter chez leur libraire pour dévorer cette courte nouvelle qui a tout le charme des lectures d’antan.