Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Les courgeois, ce sont ces bourgeois Consommateurs « qui Courent le monde pour toujours plus de jouissance ». Des déracinés qui ne connaissent qu’une permanence : le politiquement correct et ses couleurs changeantes. Alors dans Enracinés ! Gabrielle Cluzel dresse pour eux, qui ne la liront sans doute pas, l’inventaire de ce qu’ils méprisent sans jamais avoir voulu le comprendre : les prénoms “normaux” qui renvoient aux saints, la famille “normale” qui fonde la société, les codes “normaux” qui structurent une civilisation. Bref, la France de Flagnac, où un instituteur aveyronnais, inspiré par le Puy du Fou, a monté un spectacle avec tous les Flagnacois pour qu’ils se racontent Flagnac entre 1920 et 1930, l’époque des grands-parents. L’époque où la France n’était pas devenue moche, l’époque où on pouvait encore sentir que le christianisme avait modelé une France bien élevée, « la France d’avant, bien avant Hanouna, le Plug anal et l’écriture inclusive. » Gabrielle Cluzel dresse l’inventaire et énonce quelques vérités simples qui sont autant de leçons facilement extrapolées du spectacle qu’offre aujourd’hui la France. La force du propos est qu’il n’est ni indigné, ni vindicatif, ni énervé, ni polémique : on sent une tranquille assurance, solidement assise sur une lecture soigneuse de l’actualité et une bonne connaissance des grands “descripteurs” contemporains, comme Jérôme Fourquet, Christophe Guilluy ou Yann du Cleuziou ; tout juste si cet essai n’est en fait pas la meilleure introduction qui soit à des ouvrages plus savants, si ce panorama de la France contemporaine n’est pas, comme les manuels scolaires jadis, prétexte à instruire tout en divertissant. Le chapitre sur la foi catholique est remarquable dans sa limpidité : la France est déchristianisée, l’État s’y est bien employé, et tous les fabricants du prêt-à-porter culturel avec lui, mais comme « la France périphérique ne veut pas mourir » et que « garder son âme est encore le meilleur moyen de s’en sortir », l’auteur nous parle de cette vie catholique frémissante, ténue mais vivace, si peu médiatique mais bien ancrée. Enracinés ! n’est pas une lamentation sur ce qui n’est plus, c’est la description honnête de la catastrophe et en même temps des raisons d’espérer. On ne sait pas si les courgeois vagabonds se laisseront convaincre : il est si facile de s’offusquer sans réfléchir ; mais les immobourgeois, enracinés, eux, tireront du réconfort de ces leçons pour le monde de demain.